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Café et pizza, plaisirs simples dans une Libye troublée
Depuis la chute de Kadhafi en 2011, cafés et pizzérias pullulent à chaque coin de rue de la partie de Tripoli, épargnée par les combats. Les Libyens y siroptent des expressos et mangent des pizzas, signe de la proximité culturelle entre ces deux pays de la Méditerranée.
« Je ne peux pas commencer une journée sans un café, » nous raconte Salem siroptant un café Macchiato avec des amis sur la terrasse du Café Omar Al-Mokhtar, du nom du héros de la lutte contre les colons italiens. Toutefois, quand on questionne le retraité sur la situation de son pays qui empire, le retraité grimace. Trois ans après Kadhafi, la Libye a glissé dans l’anarchie, déchirée par des combats opposant miliciens islamistes à leurs rivaux nationalistes. Malgré cette situation, dans les zones paisibles de la ville, les jeunes Libyens ouvrent de nouveaux cafés, essayant d’exploiter l’ère post-Kadhafi.
Le meilleur café en ville
Dans une une grande rue commerçante, une enseigne proclame “le meilleur café de la ville”. Le café est ouvert 24h/24. Car si autrefois, avant l’arrivée de l’Italie, les Lybiens étaient buveurs de thé, le café fait à présent partie intégrante de leurs vies. Après la chute du pouvoir de Kadhafi, dont le régime n’était pas ouvert aux investissements étrangers, une grande entreprise de café italienne est venue s’installer à Tripoli et a ouvert trois cafés.
« C’est exceptionnel, » nous explique le directeur Rashid, un Marocain dynamique qui a accepté de quitter un café de la marque à Dubaï pour venir tenter sa chance à Tripoli. « Nos clients reviennent chaque jour” s’entousiasme t’il en nous montant son café, dont chaque table est pleine et où les femmes sont présentes, fait rare dans une société dominée par les hommes.
Mohammed, trentenaire, possède le Café Adreyan, un petit endroit en bord de mer où il propose des cafés haut de gamme. « Je choisis mes cafés avec un soin extrême, » dit-il fièrement, indiquant les sacs d’une fameuse marque italienne.
Pizza, Style libyen
Autre exportation exportation italienne célèbre : la pizza. Ici, plutôt que de chercher le pur goût italien, beaucoup de pizzerias adaptent leurs recettes pour convenir aux préférences locales, évitant notamment les sauces fortes.
Mais quelques pizzerias comme “Il Forno » et une poignée d’autres pizzerias, essayent de rester fidèle à la traditionnelle pizza au feu de bois Napolitaine, bien qu’il soit difficile de s’approvisionner en bons fromages.
« Mes enfants en veulent chaque jour, » dit un Libyen, entouré par ses trois enfants, venus déguster des pizzas dans le centre-ville. Ahmed, le pizzailo, fait remarquer que la majorité de la clientèle est faite de jeunes qui bavardent et mangent, comme si les combats étaient à des milliers de kilomètres.
L’expresso et la pizza mais également les pâtes, dont les Libyens sont de gros consommateurs, soulignent les liens de la Lybie avec l’Italie, l’un des rares pays occidentaux à garder une présence diplomatique à Tripoli en dépit de la dégradation des conditions de sécurité.
TRIPOLI, le 24 août 2014 (l’A.F.P.)
Photo : Leandro Rodrigues Magalhães de Marco
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