La science se cherche Consommation
Quelle est la validité du test d’étiquetage nutritionnel en cours?
Le test d’étiquetage nutritionnel, actuellement conduit dans 40 supermarchés français, est critiqué par des chercheurs qui rendent public vendredi des « anomalies » relevées dans cinq de ces magasins. Après les avoir visités, une équipe de recherche nutritionnelle de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) s’interroge sur « la capacité à obtenir des résultats statistiquement significatifs » à l’issue de l’expérimentation, et donc sur sa validité.
Selon l’analyse conduite, avec des diététiciens et des vidéos, dans cinq magasins d’Ile-de-France par l’équipe de l’Inserm, la proportion des produits étiquetés est très en deçà des chiffres annoncés. D’après le Dr Chantal Julia, membre de l’équipe de recherche, « un peu plus de la moitié des aliments des rayons pain-viennoiseries et traiteur frais et un quart du rayon plats préparés d’épicerie étaient étiquetés« . Les chiffres officiels annoncés étaient de 67% pour les conserves, 79% pour les plats traiteur frais et 86% pour les viennoiseries et le rayon pain industriel. Sur l’ensemble des marques présentes dans les rayons testés, moins de 40% sont étiquetées, note le Dr Julia, soulignant que des marques emblématiques de certains rayons ne participent pas à l’étude (William Saurin, Garbit, etc.) Son équipe relève aussi une disparité entre les quatre systèmes comparés « au détriment du Nutriscore« , le code à 5 couleurs défendu par l’Inserm: pour ce dernier seuls 30% des produits sont étiquetés, contre 46% à 59% pour les autres systèmes testés. De son côté, la revue spécialisée Linéaires après avoir visité deux magasins participant à l’expérimentation, a jugé les résultats « décevants« , notant qu' »un produit sur deux, dans les rayons retenus pour l’étude, n’affiche aucun pictogramme« , et de « fortes disparités » d’un supermarché à l’autre. Selon cette revue, « les conclusions à tirer d’une telle expérience ne seront guère éclairantes« .
Indignation du Fonds français pour l’alimentation et la santé (FFAS)
Démarrée le 26 septembre, l’expérience inclut au total 60 magasins: 40 où sont testés 4 systèmes différents d’étiquetage nutritionnel simplifié pendant 10 semaines et 20 magasins témoins servant à comparer les achats des consommateurs. Ce test, effectué à la demande du ministère de la Santé, vise à voir lequel est le plus efficace pour orienter les achats des consommateurs vers des produits plus équilibrés. Industriels et distributeurs seront ensuite libres d’utiliser ou pas le logo finalement retenu par les autorités sanitaires. Le Fonds français pour l’alimentation et la santé (FFAS), organisme chargé de mettre en oeuvre le test, a fait part de son « indignation » à propos de ces « enquêtes sauvages conduites clandestinement dans les magasins où se déroule l’expérimentation« , qu’elle qualifie de « partiales et partielles« . Le Fonds ajoute que les premiers audits indépendants, réalisés le 20 octobre dans 35 magasins, ont montré que « les conditions de déroulement de l’expérimentation sont satisfaisantes dans 26 magasins et acceptables dans 7 magasins« . « Seuls 2 magasins n’ont pas atteint le niveau requis et des actions correctives ont été immédiatement engagées« . Il sera décidé, « en fonction des non-conformités relevées et en accord avec le comité scientifique, si ces deux magasins doivent ou non être maintenus dans l’expérience« , précise le Fonds dans un communiqué.
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