La vogue des produits bio profite à Jean Hervé, un petit industriel berrichon, pionnier de la transformation de fruits secs, qui ouvre cette année une deuxième usine à Boussac (Creuse), dédiée aux produits sucrés et à une nouvelle gamme de chocolats.
Le site devrait employer une quinzaine de personnes cette année, et environ quarante salariés d’ici 2020 : « Notre usine principale de Clion (Indre) arrive à saturation. Nous venons pourtant de reconfigurer le stockage », expose Maia Hervé. La fille du fondateur, à la tête de l’entreprise familiale depuis 2010, veille jalousement sur les « fondamentaux » de l’entreprise fondée par son père, un soixante-huitard qui rêvait à de nouveaux modes d’alimentation, plus respectueux de la nature.
Une entreprise à taille humaine
Depuis l’entrepôt flambant neuf, habillé de bois et couvert de panneaux photovoltaïques, le pionnier de la pâte à tartiner à la noisette et de la purée d’amande blanche, alternative aux matières grasses dans la cuisine végétarienne, livre la plupart des réseaux d’épiceries bio, dont Biocoop, mais aussi des géants de la distribution comme Auchan. Particularité de l’entreprise, Jean Hervé dispose d’un service commercial réduit à trois personnes.
Autrement dit, personne ne démarche les points de vente pour placer des produits sous les marques Jean Hervé et Ti’Bio. « Nous n’aurions pas les moyens de fournir plus. Nous avançons à notre rythme », relativise Maia Hervé. Ce transformateur d’oléagineux, de fruits et légumes secs créé en Savoie en 1976 s’est implanté en 1992 entre Tours et Châteauroux, où il a repris une usine La Vie Claire que Bernard Tapie démantelait.
Méthodes artisanales
Même si des lignes automatisées servent au conditionnement, ce pionnier de l’alimentation labellisée Agriculture Biologique (AB) privilégie des méthodes artisanales. Les fèves de cacao sont par exemple torréfiées dans de grands chaudrons constamment surveillés. Le séchage des amandes ou des noisettes passe par des fours à bois, si bien que l’entreprise exploite quelques hectares de forêt à proximité.
« Tout cela nous revient quatre fois plus cher qu’un process automatisé, mais nos clients nous font confiance pour la qualité du produit fini », argumente Maïa Hervé. A Boussac, l’entreprise Jean Hervé a investi 6,5 millions d’euros. Elle a bénéficié d’un prix réduit sur le terrain cédé par la commune, et d’une aide de 800.000 euros de la région et de l’Europe. Pour parvenir à vendre les 25% de produits supplémentaires, la PME familiale compte sur l’appétit des Français et sur l’export.
Le bio, une bonne intuition
Mais, fidèle à son credo, elle ira à son rythme. « Nous avons réussi à éviter de fabriquer pour d’autres marques, et pour les distributeurs. Il n’y a pas de raison pour que cela cesse », lance Maïa Hervé. Près de cinquante ans après Mai 68, le succès des produits Jean Hervé montre que l’intuition était bonne : cette entreprise familiale a réalisé 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2016, soit une progression de 100% depuis 2010. Elle vise 28 millions d’euros en 2024.
Par Stéphane FRACHET
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