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Une étude montre que bisphénol A pourrait favoriser l’intolérance alimentaire
Paris, 5 août 2014 (AFP) – Une exposition, pendant la grossesse et l’allaitement, au bisphénol A à faible dose pourrait augmenter le risque de développer une allergie ou une intolérance alimentaire à l’âge adulte, selon une étude réalisée par des chercheurs français sur des rats.
« Nous avons pour la première fois établi un lien entre l’intolérance alimentaire et le bisphénol A (BPA) chez l’animal« , a indiqué mardi à l’AFP Eric Houdeau, directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) qui a coordonné l’étude parue récemment dans la revue de biologie expérimentale Faseb.
Les chercheurs ont testé deux groupes de rates gestantes qui ont reçu différentes doses de BPA, dont la dose quotidienne de 5µg par kg de poids corporel que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) considère actuellement comme étant sans risque pour l’homme. Le bisphénol a été administré pendant toute la période de la gestation et jusqu’au sevrage des nouveau-nés.
« On s’est aperçu que le bisphénol A avait des effets plus puissants sur le système immunitaire de l’animal à cette dose qu’à la dose de 50 µg/kg de poids corporel », note le chercheur, pour qui ce résultat témoigne de la difficulté de fixer une dose journalière tolérable sûre pour le BPA. Antioxydant et plastifiant particulièrement dangereux pour les femmes enceintes en raison de risques pour le futur bébé, le bisphénol A a été interdit dans les biberons depuis janvier 2011 dans l’Union européenne. La France est allée plus loin: elle a étendu en 2013 cette interdiction à tous les contenants alimentaires destinés aux enfants de 0 à 3 ans, et l’appliquera à tous les contenants alimentaires à partir du 1er janvier 2015. Mais l’EFSA s’est contentée pour sa part de diviser par dix le seuil toléré pour l’exposition au BPA qui est passé de 50µg/kg de poids corporel à 5µg/kg en janvier dernier.
Selon diverses études, le BPA aurait des effets possibles sur les systèmes reproductif, nerveux, immunitaire, métabolique et cardiovasculaire ainsi que sur le développement de cancers. Les chercheurs français ont entrepris leurs travaux sur des rats dans le cadre du projet Perinatox, à la suite d’une étude épidémiologique qui avait établi un lien chez l’homme entre des taux importants de bisphénol A dans les urines et des problèmes immunologiques. Les rats nés de mères exposées au BPA ont été nourris avec une protéine de blanc d’oeuf à l’âge adulte et ont développé une réaction immunitaire allant de l’allergie (une réaction violente) à l’intolérance alimentaire (ou »inconfort chronique »), contrairement aux rats non exposés.
Même si M. Houdeau reconnaît que les résultats obtenus sur le modèle animal ne sont pas toujours faciles à transposer chez l’homme, il estime qu’il permet « d’identifier un danger » qui est ensuite « précisé » par des études épidémiologiques. Après le bisphénol A, les chercheurs de l’Inra ont commencé à se pencher sur les risques éventuels du bisphénol S, une substance qu’on trouve dans les contenants alimentaires depuis 2010 et notamment dans les biberons de nouvelle génération, a-t-il encore indiqué.
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