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Sanctions en vue pour la Ferme des 1.000 vaches

par AFP
09.06.15

La ferme picarde dite des 1.000 vaches, qui malgré son nom n’a pour l’instant l’autorisation d’en abriter que 500, est de nouveau au coeur des débats: le directeur d’exploitation a reconnu mardi accueillir près de 800 bovins. « Entre le 10 avril et aujourd’hui, le cheptel est effectivement passé de 500 à 794 laitières, mais nous contestons avoir commis une faute administrative », a déclaré le directeur d’exploitation, Michel Welter, à l’AFP. M. Welter a fait cette déclaration après que des inspecteurs de la Direction départementale de protection des populations (DDPP) ont effectué mardi un contrôle sanitaire dans cette ferme géante située à Drucat, près d’Abbeville (Somme). C’est suite à la parution lundi d’un article de Reporterre, faisant état de 700 laitières, sur son site internet, que « la préfète » Nicole Klein « a demandé à la DDPP de faire un contrôle d’opportunité dans les meilleurs délais dans la ferme de Drucat », a expliqué la préfecture. Selon l’arrêté préfectoral du 1er février 2013, la ferme peut exploiter 500 vaches, outre les « suites », c’est-à-dire les veaux et génisses qu’elles mettent au monde. « La présence d’un nombre important de vaches au-delà du seuil de 500 vaches, (…) constitue clairement une infraction », a souligné mardi soir le ministère de l’Agriculture dans un communiqué.

Sanctions en vue

« Les conclusions précises du contrôle seront connues dans les prochaines heures et rendues publiques. Le ministre (Stéphane Le Foll) est déterminé à faire respecter la réglementation. Il a indiqué que des sanctions seraient prises à l’issue du contrôle si l’infraction est confirmée », selon le texte. « La recherche de la rentabilité économique ne peut s’affranchir du respect des règles environnementales et du bien-être animal », poursuit-il. L’article de Reporterre était étayé par le témoignage d’un ancien employé de la ferme, ainsi que par les propos de Michel Ramery, l’investisseur à l’origine du projet controversé, reconnaissant qu’il pouvait y avoir 700 vaches. « Oui, c’est possible. cela fait un mois que je suis parti, mais il y en a quelques-unes de plus qui sont arrivées. Donc mettons 700 », a-t-il répondu à la journaliste de Reporterre, qui l’avait joint au téléphone alors qu’il se trouvait en voyage en Afrique. Devant ce qu’elle estime être un aveu « sans scrupules » de M. Ramery, la Confédération paysanne a appelé mardi le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, à « fermer » l’élevage. « Cette usine doit fermer, et la réglementation doit empêcher d’autres usines de se développer », a écrit le porte-parole de la Confédération, Laurent Pinatel. « Alors que nous avions salué votre volonté d’imposer une enquête publique pour la demande d’agrandissement du troupeau à 880 vaches, il semble que Michel Ramery n’ait besoin ni d’enquête publique, ni d’autorisation! », a-t-il encore lancé.

« Nous n’avons pas voulu transgresser »

Cependant, si M. Welter admet avoir « anticipé » sur la réponse à sa demande d’extension à 880 laitières déposée le 7 janvier 2015, la réglementation des regroupements de vaches laitières en cas de cessation d’activité d’un autre éleveur lui permet, selon lui, de dépasser le seuil de 500. Or, a-t-il dit, « nous n’avons pas voulu transgresser quoi que ce soit. L’occasion s’est simplement présentée de récupérer un troupeau de 300 têtes, élevées dans les mêmes conditions que les nôtres ». D’autre part, a-t-il affirmé, ce seuil de 500 n’avait été fixé que parce qu’à l’époque les capacités d’épandage des déchets et résidus de l’exploitation et du méthaniseur prévus étaient insuffisantes. « Ce n’est plus le cas », a-t-il souligné. Comme annoncé par M. Le Foll, une enquête publique doit être diligentée « dans les semaines à venir » sur la demande d’extension, a par ailleurs souligné la préfecture. Le 17 juin, à Amiens, aura lieu le procès en appel de neuf militants de la Confédération paysanne, dont Laurent Pinatel, pour des dégradations commises lors de deux actions coup de poing sur le chantier de la « ferme des 1.000 vaches » en 2013 et 2014. Ils avaient été condamnés en première instance, le 29 octobre dernier, à des peines de prison avec sursis et à des amendes.
Pascal MALLET et Emmanuelle TRECOLLE pour AFP

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