Le tribunal de commerce de Coutances examine vendredi le sort des abattoirs AIM qui emploient 590 personnes en France mais dont le principal site, celui de Sainte-Cécile, en Normandie, ne fait encore officiellement l’objet d’aucune offre. Salariés et élus locaux attendent avec anxiété de savoir si la « piste sérieuse » d’un repreneur de l’abattoir de Sainte-Cécile (352 salariés selon la direction, 375 selon la CGT), évoquée, selon la préfecture de la Manche, par les administrateurs judiciaires, va se concrétiser par le dépôt d’une offre d’ici à vendredi 14h30, début de l’audience. « Chaque jour qui passe sans aucun élément nouveau accroît l’inquiétude des salariés« , a déclaré mercredi matin à l’AFP Aurélie Balleroy, déléguée CGT AIM à Sainte-Cécile, peu avant un rendez-vous en préfecture.
Les commerçants de Villedieu-les-Poêles, commune de 4.000 habitants qui jouxte Sainte-Cécile, siège de l’entreprise, ont prévu de baisser leur rideau mercredi entre 14h00 et 16h00 pour une opération « ville morte » qui devrait voir défiler plusieurs milliers de personnes, selon le maire DVG Philippe Lemaître. Pour l’heure, seul l’abattoir d’Antrain, qui emploie 179 personnes en Ille-et-Vilaine, fait l’objet d’offres, l’une pour 107 salariés, l’autre pour 71. AIM possède aussi des antennes à Dangy, Saint-Lô (Manche), Bernay (Eure) et Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), de 5 à 24 employés chacune, qui ne font l’objet d’aucune offre de reprise. Les effectifs ont varié depuis le redressement judiciaire du 6 janvier car certains salariés ont déjà quitté l’entreprise. Les salariés de Sainte-Cécile, en grève, espèrent une offre plus consistante et moins éphémère que celle qui avait été annoncée le 19 février et qui conservait 118 des 350 à 375 emplois. Une offre retirée quatre jours plus tard. Declomesnil, la petite société de l’agglomération caennaise qui avait fait cette proposition, avec l’appui de Sofiproteol, poids lourd des huiles et protéines végétales (groupe Avril) présidé par le numéro un de la FNSEA, Xavier Beulin, a justifié son retrait par la grève des salariés qui « ne permet pas de préserver le fond de commerce« .
Espoir des AIM
La direction d’AIM a d’ailleurs appelé les salariés, mardi dans un communiqué, à lever le « blocage du site » pour « rassurer » les candidats potentiels. Mais les salariés avaient déjà voté la poursuite de leur mouvement jusqu’à ce qu’une offre concrète soit formulée. Pour eux, celle de Declomesnil n’était « pas sérieuse ». Et ils entendent maintenir la pression sur leur principal actionnaire et fournisseur, les éleveurs de porcs de Cap 50, pour qu’ils garantissent des prix de vente des porcs acceptables pour un éventuel repreneur. Selon le communiqué d’AIM, les administrateurs judiciaires ont obtenu de la part de la coopérative « l’engagement de s’inscrire dans tout projet de reprise par l’approvisionnement à des prix aux conditions des potentiels repreneurs ». Mais les salariés continuent à se méfier.
Le parquet de Coutances a ouvert le 24 février une enquête préliminaire après avoir reçu un courrier de la CFDT accusant notamment Cap 50 d’avoir fait perdre 22 millions d’euros en quatre ans à AIM en l’obligeant à acheter du porc plus cher qu’elle ne pouvait le revendre. La direction dément et rappelle que la production porcine est en crise continue depuis 2008. L’espoir des AIM est nourri aussi par la présence, selon la CFE-CGC, lors d’une table ronde au ministère de l’Agriculture jeudi dernier, d’un investisseur de poids qui se dit prêt à participer de façon minoritaire à l’offre sur Sainte-Cécile évoquée par les administrateurs judiciaires. Et les collectivités locales normandes ont voté en janvier une augmentation de capital de la société d’économie mixte créée en 2013 pour aider AIM, afin de soutenir un éventuel projet de reprise. AIM est l’un des derniers abattoirs indépendants de la grande distribution en France. Créée en 1956 et rachetée en 2003 par Cap 50, l’entreprise est détenue à 64% par la coopérative et à 34% par le groupe d’aliments pour bétail JDIS. Elle a réalisé un chiffre d’affaires de 246,7 millions d’euros en 2013.
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