Quand on arrive, ça sent le pneu à plein nez dans la gigantesque installation interactive de Thomas Hirschhorn. Et des pneus, il y en a absolument partout, des murs entiers, des couloirs, des piliers de bar, des gradins en pneu, toute une scénographie déambulatoire en caoutchouc, et donc prévue pour la souplesse, pour l’élasticité.
L’espace est gigantesque, prend toute une aile du Palais de Tokyo et abrite aussi des photocopieuses, des bureaux, des lieux de projection, des salons, un bar, des plaques de polystyrènes, mais aussi des scies à disposition du public pour sculpter cette matière faite pour la 3D, des feutres, des imprimantes. Il n’y a pas d’horaires, il n’y a pas de programme fixe. Mais il y a de la parole qui circule et des gens qui vivent dans une installation. Flamme éternelle est une œuvre d’art, une sculpture immense qui occupe un espace de près de 2000 carrés dédié à ce qui ne s’arrête jamais : la pensée. Durant les 52 jours de l’exposition, 200 philosophes, écrivains, poètes et intellectuels y viennent pour partager leur travail, leur vision, leur pensée.
On peut y voir des films, lire, se retrouver autour d’un feu, écouter un philosophe, s’activer sur les ordinateurs mis à disposition, participer à un journal, produire des textes, des dessins, des sculptures, des mots doux adressés à d’autres qu’on ne connaît pas, mettre en scène des citations, être sérieux ou pas. On peut y boire un verre ou même manger mais aussi, peut-être, y rencontrer l’artiste présent tous les jours, pendant les douze heures d’ouverture. « Ce qui est important est d’être présent, que moi, l’artiste – l’invitant- soit présent, et que je crée les conditions d’un dialogue d’un à un, d’une confrontation d’un à un. » précise Thomas Hirschhorn. Avec Flamme éternelle, il réussit le pari incroyable de créer une œuvre, non pas distanciée de son public, mais qui se construit avec lui, instant après instant, et qui peu à peu cristallise une pensée commune pour lui « donner forme », une œuvre en mouvement comme un lieu de vie, une forme de liberté. Nous nous sommes baladé et rapportons dans notre panier quelques pensées postées par d’autres au fil de l’installation et qui ne sont pas sans rapport avec nos préoccupations.
Thomas Hirschhorn
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