Culture food Cerise sur le gâteau #54
Les 15 ans d’Omnivore : le changement dans la continuité
Aujourd’hui, et jusqu’à mardi, c’est au Parc Floral qu’il faut se rendre, masqué certes, pour participer aux différents événements du Festival Omnivore, qui fête là, excusez du peu, son quinzième anniversaire.
Omnivore le bien nommé, car on peut dans une même journée découvrir, goûter, s’informer, réfléchir, s’enthousiasmer sur la recette d’un chef, être fasciné par un produit et un producteur d’exception, s’initier à l’art d’un bon café et apprécier les talents des meilleurs mixologues, si, si, c’est un métier : celui de créer des cocktails. Bref, impossible à qui que ce soit, quel que soit son âge ou ses degrés de connaissance en cuisine, de s’ennuyer à Omnivore. Démarré au Havre pour s’établir l’hiver, pendant de nombreuses années à Deauville, avant de regagner Paris, Omnivore n’est pas non plus la fête à neuneu de la gastronomie. Sa programmation, assurée jusqu’à l’année dernière par son fondateur Luc Dubanchet qui avait toujours dit qu’il s’était promis, je cite, « de ne jamais devenir un vieux journaliste culinaire » est désormais entre les mains de son digne jeune successeur, Romain Raimbault, qui n’a pas changé des fondamentaux qui gagnent.
Ainsi comme les autres années, le Festival se découpe en plusieurs « scènes ». D’abord la grande, où l’on peut assister à des démonstrations de chefs d’une trentaine de minutes et qui a pour suprême qualité de mélanger les talents de stars, avec des inconnus du grand public. Tiens demain, par exemple, Caroline, c’est Hugo Roellinger, le chef de Cancale, qui va exceller, parions-le, sur l’une de ses recettes de poisson ou de coquillage, mais aussi, peu avant lui, le japonais Atsumi Sota, que seuls quelques professionnels ont repéré.
Et depuis quelques années, Omnivore a pu ajouter une carte essentielle à la cuisine, en ouvrant une Scène « Artisan », qui donne la parole aux paysans, éleveurs, pêcheurs, maraîchers, apiculteurs, cueilleurs mais aussi potiers, boulangers ou fromagers. On trouve là des femmes et des hommes de conviction, pour beaucoup également inconnus du grand public. On pourra par exemple écouter cet après-midi Hélène Reglain qui après huit années comme caissière, se trouve aujourd’hui à la tête d’une famille de 350 produits de ses propres semis, comme maraichère, et dont les chefs s’arrachent les productions.
Mais au fond, Omnivore ne serait rien qu’un empilement, si depuis quelques années on n’y trouvait pas une scène, dite « Grand angle », qui permet de prendre du recul et de se demander où la gastronomie nous mène et quel sens le bien et mieux manger peuvent-ils avoir dans ce monde avec pandémie, crise économique et réchauffement climatique ? Avec des débats demain et mardi comme « Durable, pour combien de temps ? » ou « Moins de viande, mieux de viande », Omnivore se pose comme une plateforme qui n’enferme pas la cuisine dans ses paillettes médiatiques mais lui donne toute sa place dans les process de transition que nous vivons et c’est sans doute ce qui explique la longévité de cette manifestation hors norme.
Alors, une critique ? Non, mais un regret dont seul le Covid-19 est responsable : pas de chefs venus d’ailleurs cette année. Et l’on va vraiment regretter de ne pas entendre d’autres langues, de découvrir d’autres visions du monde, d’autres goûts, d’autres personnalités qui rendent la cuisine si universelle.
Cette chronique a été diffusé dans « Les Bonnes choses » sur France Culture le 13 septembre. L’émission avait pour invité le chef Hervé Bourdon et vous pouvez la réécouter ici.
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