Culture food Cinéma

La saveur des Ramen, un film délicieux

Le dernier film de Eric Khoo, la saveur des Ramen, est une magnifique histoire de transmission par la cuisine, une histoire sensible qui donne faim, très faim, même si le réalisateur a un peu forcé sur la sauce mélo.

Le jeune Masato travaille au Japon avec son père dans un restaurant japonais spécialisé dans les ramen, des pâtes mijotées dans un bouillon de viande ou de poisson, accompagnées d’un oeuf au jaune coulant, aujourd’hui grande spécialité japonaise mais importée de Chine au début de XXème siècle. Le père de Masato est sombre, leur relation difficile et le jeune homme un peu perdu. Quand il meurt brusquement, Masato décide de partir à Singapour, ville de sa mère, morte alors qu’il était tout jeune. Le voici donc, sur la trace de ses souvenirs avec la cuisine comme instrument de leur reconstruction. Comme si le goût avait ce pouvoir incroyable de faire revivre, non pas un instant précieux comme l’aurait permi tune madeleine de Proust, mais de recouvrer l’ensemble de sa mémoire et de sa culture familiale.

D’histoires intimes, en plan serrés de multiples ingrédients et de plats plus savoureux les uns que les autres, le film nous fait passer de la petite histoire à la grande histoire  et aux malheurs qui se sont joués entre Singapour et le Japon. C’est la grande qui sert de cadre : la Seconde Guerre mondiale et les exactions de l’occupant japonais sur la population de Singapour et les traumatismes qui vont avec. La petite, avec une histoire d’amour tragique et un enfant qui cherche bien des années plus tard à comprendre son passé. Bref, tous les ingrédients d’une tragédie dont les traits ont parfois été un tout petit peu trop appuyés à coup de musique violoneuse et d’effets spéciaux nostalgie.

Mais ce serait évidement une erreur de s’arrêter à ce détail tant le réalisateur est passé maître dans l’art de sublimer la cuisine, et de lui donner des reliefs dans sa direction photographique comme dans l’angle intime qu’il a choisi. La saveur des Ramen fait ainsi la démonstration, en mandarin, en japonnais et en anglais, que la cuisine permet d’éclairer toute une vie tout en étant un formidable instrument de la réconciliation.

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