Dans cette série Reliefs, Agne présente ce qui pourrait ressembler à une obsession : les restes dans l’assiette après les repas. Un sujet surprenant, qui prend toute son épaisseur dans l’exploration répétitive du thème. Une étude formelle d’un sujet très précis et particulier.
Agne est un homme discret. Il habite dans le Vercors, au milieu des montagnes et souhaite vivre ainsi, paisiblement, sans que l’on en sache trop, sans que l’on ne le connaisse trop. Dans ces paysages calmes, il fait des photographies, ce qui n’est pas vraiment étonnant pour un photographe, mais il fait aussi ses tirages, ses contre-collages et ses encadrements, ce qui est déjà plus singulier. Un jour qu’il allait à Montpellier, il décide de montrer son portfolio aux festival des Boutographies. C’est ainsi que Nicolas Havette, directeur du Magasin de Jouets à Arles, découvre son travail. Puis, il est allé ensuite le rencontrer dans ses montagnes, et l’a convaincu de présenter sa série Reliefs.
Un proche, Jean-Louis Roux nous parle un peu de l’homme et de son travail photographique : Agne « est un perfectionniste qui estime qu’il est déjà bien beau de parvenir à faire une photographie dans la journée. Mais c’est une chose de s’en tenir à une photographie par jour, c’en est une autre d’en faire une chaque jour. Agne est un adepte du cliché unique, mais en série: une fois le point de vue adopté et la chambre photographique installée, il appuie et réappuie sur le déclencheur, à intervalles réguliers. (…) En quelque sorte, il photographie moins le motif qui se trouve devant son objectif, que le temps qui passe – et tout ce qui ce passe avec le passage du temps : l’usure et l’effacement, les qualités de l’air et les inflexion de la lumière. S’il photographie par séries, c’est pour mesurer ce qu’il y a de variations dans la répétition. (…) Pour être efficace, ce travail sériel impose un protocole strict et réglé, c’est sa condition même. Ici, toute approximation est bannie : la rigidité du protocole participe de l’oeuvre. Agne est un photographe compulsif, un monomaniaque aux monomanies successives. Pour le coup, c’est l’obsession qui fait le charme.«
Il faut croire que Jean-Luc Agne, l’homme comme le travail, appelle la poésie. C’est en tous les cas, de cette manière que Nicolas Havette préfère présenter ce photographe « Les saisons passent, le format reste carré. Les aliments glissent et gisent, en bas reliefs du Vercors. Pratiques quotidiennes, manger et photographier, disparaitre puis réapparaitre. Noix, raisins, fruits et légumes de saison, laissent se glisser dans l’assiette épluchures, croûtes et bouchons de liège. Le temps défile, archéologie d’un mode de vie en retrait du monde, là-haut dans les montagnes. Scanner et poésie du reste. L’image, le goût… l’expérience de ce qui nous reste. Le photographe Jean-Luc Agne, de manière obsessive, nous fait sentir le temps qui passe et la disparition de ce dont il se nourrit. » Autant d’écrits qui donnent envie de rencontrer le bonhomme.
Le travail de Jean-Luc Agne est édité dans Zine collection N°18 aux Editions Bessard.
Artiste programmé dans le cadre de l’exposition « Manger à l’oeil« .
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