Vue d’Amérique latine, le 17 décembre 2014 doit un peu ressembler à notre 9 novembre 1989, date de la chute du mur de Berlin. La déclaration simultanée de Raul Castro et de Barack Obama mettant fin à plus de 50 ans de guerre froide entre Cuba et les Etats-Unis ouvre en effet un champ considérable dans le mouvement des plaques tectoniques de la géopolitique sud-américaine.
Et parmi les spécificités qui font du régime de Cuba un cas unique au monde, il y a le fameux système du Libreta de Abastecimiento (littéralement le Livret d’approvisionnement) qui fait le quotidien des cubains et accessoirement celui des touristes rompus au marché noir afin d’améliorer aisément le confort de leurs séjours. Le système des rations a été instauré en 1962 et était destiné à éviter toute situation de famine. Il a peu changé depuis son instauration et prévoit par personne et par mois la distribution à prix « subventionnés » d’environ 3kg de riz, 600gr de haricots secs, 1,5kg de sucre raffiné et autant de brut, 7kg de pommes de terre, autant de bananes et 12 oeufs, mais seulement de septembre à décembre auxquels s’ajoute un litre de lait par jour pour les enfants de moins de 7 ans. Pour la viande et le poisson, les choses sont un peu plus aléatoires avec une distribution tous les 15 jours mais dépendante d’une production et d’un approvisionnement non maîtrisée.
Et pour cause, Cuba devant importer 80% de sa nourriture, y compris celle destinée à ses élevages, dans une situation d’embargo avec son voisin américain, l’approvisionnement du pays a toujours été problématique. En plus de 50 ans le système n’a jamais permis de mettre fin à la coupure de la population de l’île en deux. D’un côté les apparatchiks et autres protégés politiques qui profitent largement des magasins en dollars ou euros ainsi que d’un marché noir florissant et de l’autre ceux qui n’ont pas accès aux combines et qui se nourrissent on ne peut plus mal.
Alors, la révolution diplomatique du 17 décembre est-elle de nature à changer ce système? A court terme certainement pas. D’abord parce que Fidel Castro du haut de ses 88 ans a déjà du prendre un sacré coup à sa fibre révolutionnaire et qu’il faudra certainement attendre la mort du « Comandante » pour que son frère Raul fasse un pas de plus dans les réformes. Ensuite parce que l’économie alimentaire « subventionnée » permet encore à nombres de citoyens de ne pas être sous alimentés et que le passage à l’économie de marché ne pourra se faire en un jour. En revanche, à moyen-long terme, on ne voit pas très bien comment les rois du marketing américain que sépare seulement 170 kilomètres de mer d’un nouveau marché se priveraient de sa conquête.
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