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Crise de l’élevage: face à la contagion, la mobilisation générale de l’exécutif
Pressés par la contestation grandissante des éleveurs et plusieurs dirigeants de l’opposition, François Hollande et le gouvernement, malgré quelques tâtonnements, n’ont pas tardé à se saisir de la crise agricole pour tenter d’éviter, en plein été et à six mois d’élections régionales à haut risque, un durcissement du conflit.
Le Premier ministre Manuel Valls et le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll ont dévoilé mercredi les grandes lignes du « plan d’urgence pour l’élevage« , à l’issue du Conseil des ministres. L’Etat va débloquer 600 millions d’euros et l’ensemble des dettes des éleveurs en situation de difficulté va être restructuré. Plusieurs fois chahuté par des éleveurs lors de ses déplacements ces derniers mois, Stéphane Le Foll n’avait pas attendu cette semaine pour traiter ce dossier. Les premières mesures d’aide – 23 millions d’euros – aux éleveurs ont été décidées le 20 février, a-t-il souligné à plusieurs reprises.
Les différents acteurs de la filière bovine s’étaient engagés sur une hausse des prix le 17 juin dans son bureau. Et le ministre avait dû affronter un tir nourri de questions jeudi lors de la séance de questions d’actualité au Sénat. Mais cette communication solennelle de mercredi a pour but évident de calmer la grogne des éleveurs, dont les barrages continuaient de s’étendre dans le grand ouest mercredi matin. L’exécutif, échaudé par l’expérience des « Bonnets rouges » en Bretagne en 2013, craignait manifestement une contagion qui n’aurait pas manqué de virer au mauvais feuilleton estival. « Nous entendons l’angoisse des éleveurs« , a assuré mercredi Manuel Valls. Pourtant, lundi, depuis Arles, le Premier ministre répondait sans céder de terrain aux manifestants qui bloquaient les accès à la ville de Caen et exigeaient la venue sur place de Stéphane Le Foll: si « la porte » du ministre est « ouverte en permanence« , « le dialogue ne peut pas fonctionner ainsi« . Le ministre en question disait attendre la remise d’un rapport sur les prix initialement prévue jeudi et finalement avancée à mardi soir.
L’opposition appelée à la ‘modestie’
Nouvelle accélération mardi matin: en arrivant au Conseil économique, social et environnemental pour le Sommet des consciences sur le climat, François Hollande annonçait un « plan d’urgence pour l’élevage » à venir le lendemain à l’issue du Conseil des ministres. Quelques minutes plus tard, les services de Matignon annonçaient une réunion ministérielle quasi imminente, alors que le Premier ministre se trouvait à l’Assemblée. Et au sortir de cette réunion, mardi à la mi-journée, Stéphane Le Foll annonçait qu’il se rendait finalement à Caen pour rencontrer les agriculteurs.
D’après Le Monde, c’est lundi après-midi, lors d’un tête à tête avec M. Le Foll, que François Hollande aurait décidé « d’accélérer » et de présenter un plan d’urgence en Conseil des ministres dès le mercredi. « Le président de la République donne l’orientation: aide d’urgence pour le court terme et mesures structurelles. Le Premier ministre coordonne l’élaboration du plan. Le ministre dialogue avec le secteur« , résume-t-on à l’Elysée. Au delà des blocages, l’exécutif devait également faire face aux critiques de l’opposition. Pour Les Républicains, l’ancien ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire a dénoncé le « mépris du président de la République et du gouvernement » à l’égard des agriculteurs.
178 parlementaires de la droite et du centre ont cosigné une lettre de François Fillon au chef de l’Etat, lui demandant de « ne pas rester sourd à la détresse » de l’agriculture française. Dès mardi, M. Valls avait invité l’opposition à « la modestie« . Car « une grande partie de la situation d’aujourd’hui est due à cette loi LME (Loi de modernisation de l’économie) qui au cours des années 2000 a déréglementé le marché. (…) Les préoccupations des agriculteurs concernant la PAC, c’est suite à des décisions prises sous la présidence de Nicolas Sarkozy avec François Fillon comme Premier ministre et Bruno Le Maire comme ministre de l’Agriculture. »
Baptiste PACE pour AFP
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