La science se cherche Viande
Après McDonald’s et Beyond Meat, Burger King se lance dans la « fausse » viande
Partant à son tour à la conquête des adeptes d’une alimentation moins carnivore, le géant du fast-food Burger King propose depuis cette semaine aux États-Unis une version sans viande mais au goût comparable à son emblématique « Whopper ».
La chaîne de restauration apporte ainsi un peu plus de galon au burger végétarien, également adoubé mardi par le géant suisse de l’agroalimentaire Nestlé qui prévoit de commercialiser sa propre version en Europe et aux États-Unis. Ce nouveau sandwich, concocté en partenariat avec la startup Impossible Foods, se compose de protéines de soja et de pomme de terre, d’huiles de coco et de tournesol, et de hème, une molécule riche en fer donnant une couleur rouge similaire à celle de la viande.
Le géant de la restauration rapide proposait déjà un burger végétarien mais qui ne prétendait pas ressembler à un steak de viande tendre et juteux. Il s’agit pour l’instant d’une expérimentation limitée au Missouri, un État du centre des États-Unis. Mais elle pourrait s’étendre. Impossible Burger est déjà au menu de deux autres chaînes de restauration rapide connues aux États-Unis, White Castle et, depuis lundi, Red Robin, ainsi qu’à la carte de nombreux restaurants. La société prévoit aussi de le lancer dans les supermarchés plus tard dans l’année.
100% à base de plantes
Si le steak de soja existe depuis longtemps, plusieurs entreprises sont passées à l’étape supérieure en utilisant des technologies sophistiquées pour s’approcher au plus près du goût, de la couleur, de l’odeur ou de la texture de la viande. D’autres startups dont nous vous avons parlé ici, comme Memphis Meats et Just aux États-Unis, ou Mosa Meats aux Pays-Bas, s’activent pour développer des steaks conçus à partir de cellules animales. Le nouveau burger de Nestlé sera de son côté réalisé à base de protéines de soja et de blé ainsi que d’extraits de betteraves, de carottes et de poivrons. Il sera « à peine différent d’un burger traditionnel » et « émettra même le même son grésillant pendant la cuisson », assure le groupe suisse dans un communiqué.
Cet « Incredible Burger », confectionné à 100% à base de plantes, sera commercialisé sous la marque Garden Gourmet à compter d’avril dans huit pays européens, dont l’Autriche, la Belgique, l’Allemagne, les Pays-Bas et les pays Nordiques, précise Nestlé. Plus tard dans l’année, il sera également lancé aux États-Unis sous la marque Sweet Earth, filiale californienne de produits végétariens rachetée par le groupe suisse il y a un an et demi. Il sera alors vendu sous le nom « Awesome Burger ».
« Cette tendance est là pour durer »
De nombreux consommateurs cherchent de nouvelles façons « d’équilibrer leurs apports en protéines et de réduire l’empreinte carbone de leur alimentation », remarque Nestlé, convaincu que « cette tendance est là pour durer ». Son concurrent néerlandais Unilever avait annoncé en décembre le rachat de la marque néerlandaise De Vegetarische Slager (« Le boucher végétarien ») pour se positionner également sur ce segment en pleine expansion. Selon une étude du cabinet Nielsen publiée en septembre, les ventes de viandes végétales avaient par exemple augmenté de 23% aux États-Unis au cours des douze mois précédents. Cette progression rappelle les débuts des laits végétaux (lait de soja, d’amande ou de coco) il y a une dizaine d’années, qui représentent désormais 13% du marché du lait, remarquait alors l’organisation The Good Food Institute qui avait commandé l’étude. Cette tendance répond à la montée en puissance du flexitarisme, qui prône une consommation modérée de viande, et du véganisme, un mode de vie hostile à toute forme d’exploitation des animaux allant jusqu’au refus de la soie, du miel ou de la laine. Selon les militants, le régime végan aurait également de nombreux bénéfices pour la santé, réduisant notamment les risques de diabète et les risques cardiovasculaires.
Par Juliette Michel avec Nathalie Olof-Ors à Zurich pour AFP
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