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Visés par des militants vegan, les bouchers espèrent la fin de « l’impunité »

03.07.18

Après une nouvelle attaque de commerce attribuée à des militants vegans, les bouchers-charcutiers ont été reçus mardi au ministère de l’Intérieur dont ils sont ressortis rassérénés, espérant un coup d’arrêt à « l’impunité ».

« Ça s’est très bien passé, on a eu les conseillers gendarmerie et police auprès du ministre qui ont été vraiment à notre écoute« , a déclaré lors d’un point-presse improvisé place Beauvau le président de la Confédération française de la boucherie-charcuterie et traiteurs (CFBCT), Jean-François Guihard, également boucher dans le Morbihan. Les artisans, reçus pendant une bonne heure, ont réclamé « la vigilance, l’arrêt de l’impunité et faire en sorte que les artisans puissent faire leur métier ».

Cette rencontre avec les représentants des commerces de viande fait suite à une énième attaque lundi dans les Yvelines: une boucherie de Jouy-en-Josas a été la cible d’un caillassage dans la nuit de dimanche à lundi et un tag antispéciste a été retrouvé sur place, a indiqué une source policière. La vitrine et la porte d’entrée du magasin ont été dégradées par plusieurs projectiles et une inscription « Stop spécisme » retrouvée tracée sur la vitrine, selon cette même source. Le boucher a porté plainte lundi auprès du commissariat de Vélizy et l’enquête a été confiée à la sûreté urbaine de Versailles.

Les antispécistes (du latin « species », l’espèce) s’opposent à toute hiérarchie entre espèces, notamment entre l’être humain et les animaux. « On n’a jamais demandé de mettre un gendarme devant chaque magasin, mais les conseillers nous ont dit que les préfectures départementales allaient faire le nécessaire auprès des polices et gendarmeries locales« , a ajouté M. Guihard. « Je pense que l’impunité va s’arrêter« , a-t-il estimé, indiquant qu’il y avait « des procédures judiciaires et il y aurait aussi certainement une surveillance accrue de ces organisations« . Il a toutefois appelé à ne pas faire d’amalgame: « Toutes les organisations ne sont pas violentes« , a-t-il déclaré, évoquant « des groupuscules, dans des départements, dans des régions, qui sont violents« .

« Un problème de liberté »

Contactées par l’AFP, les associations antispécistes L214 et 269 Libération animale, dont plusieurs militants étaient jugés lundi à Versailles pour s’être introduits illégalement dans un abattoir, ont d’ailleurs indiqué ne pas être à l’origine de cette action à Jouy. « On ne se reconnait absolument pas dans ce type d’action, c’est clair et net. On trouve ça clivant, alors que notre objectif, c’est de rassembler les gens, d’essayer de les rallier à la cause des animaux« , a réagi auprès de l’AFP Brigitte Gothière, une des fondatrices de L214. « On n’incite personne à casser des vitres« , a déclaré de son côté Ceylan Cirik, coprésident de 269 Libération Animale, qui déplore qu’après ce type d’action « on ne parle pas du fond du problème qui est les animaux, là c’est les bouchers qui s’en sortent victimes« .

Le 22 juin, déjà, les bouchers avaient adressé une lettre à M. Collomb dans laquelle ils réclamaient la protection de la police, après une vague d’actions contre des boucheries. Dans les Hauts-de-France, sept boucheries ont été aspergées de faux sang en avril, une boucherie et une poissonnerie ont été vandalisées, leurs vitrines brisées et les façades taguées de l’inscription « stop au spécisme ». La maire de Lille Martine Aubry a indiqué que la mairie allait se constituer partie civile. Selon la CFBCT, des précédents « ont été signalés en région Occitanie » et « deux attaques » ont eu lieu depuis la publication de la lettre. En tout, M. Guihard a chiffré à « au moins à une cinquantaine, soit par des tags soit par des bris de glace » le nombre d’actes ayant visé des boucheries sur l’ensemble du territoire. « On est passé d’une phase, à l’automne dernier, de tags ou de versement de faux sang, à aujourd’hui une phase de bris de vitres, de saccages de vitrine de magasin et ça c’est tout simplement inadmissible« , a ajouté M. Guihard.

« C’est pas un problème d’anti-viande ou de pro-viande, c’est un problème de liberté, on veut faire notre travail en paix« , a-t-il conclu. Fin mars, une militante vegan de la cause animale qui avait publié un message injurieux vis-à-vis d’un boucher tué dans un supermarché à Trèbes (Aude) lors d’un attentat jihadiste, a été condamnée à sept mois de prison avec sursis pour « apologie du terrorisme ».
Par Nicolas Gubert pour AFP

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