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Viande bovine : Leclerc ne joue pas le jeu, selon les éleveurs
Des éleveurs de bovins ont manifesté mercredi dans plusieurs villes de France devant des magasins Leclerc, enseigne à laquelle ils reprochent de ne pas respecter un engagement prévoyant de mieux rémunérer la viande française de qualité supérieure, a constaté l’AFP. Devant le magasin Leclerc du Kremlin-Bicêtre (Val de Marne), à côté de Paris, une vingtaine d’éleveurs ont sensibilisé les clients, à l’appel de la Fédération Nationale Bovine (FNB), branche de du principal syndicat agricole français, FNSEA. Une banderole en plastique vert était tendue à quelques mètres de l’entrée, enjoignant les consommateurs à se fournir chez Carrefour, jugé, lui, respectueux de ses engagements, afin de « sauver les éleveurs ».
« Je viens ici parce qu’il y a de la bonne viande française », explique Jeanne Mesnil, cliente fidèle. Cédric Mandin, secrétaire général de la FNB qui a organisé une vingtaine d’actions de ce type en France, lui explique que si elle veut que les éleveurs soient correctement rémunérés, elle doit aller au magasin Carrefour voisin. « Pour les éleveurs, j’irai chez Carrefour », répond-elle, expliquant en riant qu’elle est « prête à défendre leur bifteck ».
Selon le président de la FNB, Bruno Dufayet, présent au Kremin-Bicêtre, le respect de l’accord « coeur de gamme » ou « éleveur responsable » signé par la plupart des grandes enseignes, rapporte à l’éleveur 400 à 450 euros de plus par animal vendu, soit 25% de recettes supplémentaires. Soit « la différence entre travailler à perte et rémunérer les coûts de production ». Mais si certains magasins Leclerc « ont fait le choix d’appliquer la démarche (…) ce n’est pas le cas des centres Leclerc en général », a-t-il déploré. « Leclerc a été bon pour communiquer lors de la signature, mais les actes ne suivent pas », renchérit M. Mandin, qui à l’inverse loue l’attitude de Carrefour ou Système U, autres signataires de cet accord.
A Chalon-sur-Saône, où les manifestants ont rencontré le directeur d’un supermarché de l’enseigne, Michel Joly, responsable de la FRSEA, a regretté que « personne (chez Leclerc, NDR) ne soit vraiment informé au niveau local de ce qui est signé par les instances nationales du groupe ». « Nous allons lui envoyer notre cahier des charges et il s’est engagé à prendre des bêtes haut-de gamme. Il n’a donné aucun délai mais nous allons le marquer à la culotte », a-t-il ajouté. Selon le président de la FNB, 7 à 8.000 bovins abattus par semaine en France répondent aux critères « coeur de gamme », mais seules 2.500 bêtes sont valorisées en conséquence. Si cette situation ne peut être imputable à une seule enseigne, il souligne que « Leclerc pèse un quart de la viande bovine vendue en grande surface ».
Sans répondre directement aux reproches adressés par les éleveurs, E.Leclerc, a affirmé à l’AFP être « désormais en tête des distributeurs de races à viande en France » (Charolais, Blonde d’Aquitaine et Limousine essentiellement). Il met en avant « la généralisation partout en France d’une démarche Alliances Locales avec les producteurs », qui propose « des accords durables entre des éleveurs locaux et les magasins » et permet « une meilleure valorisation du prix payé à l’éleveur et pour le consommateur d’accéder à une offre de proximité, locale ou régionale ».
Signe de l’urgence sur ce dossier, le nouveau ministre de l’Agriculture Jacques Mézard, qui a pris ses fonctions mercredi après-midi, a cité au nombre de ses priorités la tenue prochaine d’« Etats généraux de l’alimentation », centrés autour de la question du « prix » payé aux agriculteurs qui ne parviennent plus à vivre de leur production.
Par Nicolas GUBERT, avec Daniel ABELOUS
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