L’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) a donné son feu vert à la reconnaissance AOC du porc Kintoa, race basque qui fut déclarée en 1981 en voie de disparition par le ministère de l’Agriculture, ont annoncé mardi les éleveurs du porc basque. Un feu vert annoncé au cours d’une conférence de presse à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) par un des promoteurs du porc basque, Michel Oçafrain, et confirmé à l’AFP par un porte-parole de l’INAO. Après avoir validé l’aire géographique de production, le Comité national de l’INAO vient de rendre, « à l’unanimité », un avis favorable à la mise en oeuvre d’une procédure nationale d’opposition, forme d’enquête publique d’une durée de deux mois qui vise à recueillir les éventuelles oppositions. Il s’agit de la dernière étape avant la reconnaissance AOC du porc basque Kintoa et de son Jambon du Kintoa, lequel rejoindrait ainsi les AOP Coppa de Corse, Jambon sec de Corse ou Lonzo de Corse.
Pour le Pays Basque, ce sera en 2016, après déjà le fromage Ossau-Iraty, le piment d’Espelette, le vin Irouleguy, une quatrième reconnaissance d’Appellation d’origine contrôlée (AOC). Pour valoriser cette race rustique de montagne, l’Association pour le développement de la filière porc basque, qui milite depuis quinze ans pour une reconnaissance du Kintoa, a établi un cahier des charges strict: limitation du nombre de bêtes par hectare, alimentation sans OGM (organismes génétiquement modifiés), élevage en plein air, durée de séchage et d’affinage des jambons de 16 mois minimum, etc. Une stratégie payante: de 10 éleveurs au début des années 1990, la filière recense aujourd’hui quelque 80 producteurs, 100 salariés, et produit 3.000 porcs, ce qui représente 6.000 jambons par an. Son aire géographique comprend 231 communes, dont 12 réparties sur le Pays Basque et les cantons limitrophes du Béarn.
« Le chiffre d’affaires de la filière s’élève à 59 millions d’euros et le Kintoa s’exporte au Japon, au Canada, à Hong Kong et nous travaillons pour obtenir l’agrément en Chine, aux États-Unis ou au Mexique« , a indiqué Claude Carniel, directeur de l’entreprise Oteiza aux Aldudes, fer-de-lance du jambon Kintoa. « C’est une activité qui développe des marges importantes: un jambon désossé agréé « Kintoa » se vend 50 euros le kilogramme et le jambon tranché entre 65 à 70 euros le kilo« , a-t-il insisté. A l’origine de cette aventure, en 1988, quelques éleveurs de la vallée du Pays Quint (Kintoa en langue basque), situé dans les plaines et montagnes des Aldudes près de Saint-Jean-Pied-de-Port, décident de rassembler tous les exemplaires de la race Pie Noir du Pays Basque, caractérisée par sa tête et son cul noirs, et menacée d’extinction. « A l’époque, il ne restait plus que 25 truies et deux verrats vivants« , a rappelé Michel Oçafrain.
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