Réduire significativement l’usage de pesticides est possible sans nuire à la productivité et à la rentabilité d’une exploitation agricole, conclut une étude à grande échelle menée en France et publiée lundi dans Nature Plants. La plupart des cultivateurs pourraient ainsi s’y mettre, une étape clé pour l’environnement, la santé humaine et l’essor d’une agriculture durable, souligne l’étude, qui relève aussi la nécessité d’accompagner les agriculteurs dans la mise en place de ces pratiques nouvelles.
Les chercheurs de l’Inra, l’institut français de recherche agronomique, ont étudié 946 fermes de grandes cultures conventionnelles (non bio) utilisant différents niveaux de produits chimiques anti-nuisibles, pour des productions variées. Il en ressort qu’on pourrait réduire les traitements en maintenant une productivité équivalente ou meilleure dans 94% des cas, et une rentabilité équivalente ou meilleure dans 77% des cas. Cependant, 89% des exploitations n’enregistreraient pas de gain de performance économique, juste une stabilité. Pour 59% d’entre elles, on pourrait même réduire jusqu’à 42% l’emploi de pesticides à rentabilité équivalente (soit -37% d’herbicides, -47% de fongicides, -60% d’insecticides). Les 23% de fermes qui, au contraire, auraient leur rentabilité affectée, concernent surtout des cultures à caractère industriel et fort usage de pesticides. Dans ce cas, il faudrait renforcer l’innovation pour contrer cette dépendance aux biocides (par exemple, des variétés de pommes de terre résistantes, selon l’étude).
Développer des mesures incitatives
Quoi qu’il en soit, la seule réduction par 77% des fermes permettrait déjà d’atteindre les 30% de pesticides en moins au niveau national en France. Pour autant, il faudra aider les agriculteurs dans cette transition complexe, impliquant une adaptation conséquente des systèmes de cultures (conseil, organisation des filières, incitations économiques, etc), ajoutent les auteurs. Pour l’agronome Vasileios Vasileiadis, du Conseil de la recherche italien, « ces résultats sont d’une grande importance car ils suggèrent que réduire les pesticides est à la portée de la plupart des agriculteurs français, sans frais« . Il est essentiel que ces travaux soient connus aussi des décideurs, au niveau national comme européen, estime ce chercheur dans un commentaire pour Nature Plants. Car « il est peu probable que les agriculteurs adoptent ce type de stratégies » d’eux-mêmes, souligne-t-il: aux politiques de « développer des mesures les y encourageant« . La France est le sixième consommateur européen de pesticides par rapport à la surface cultivée. Après un premier échec, le gouvernement a lancé un plan « Ecophyto 2 » pour réduire de 20% le recours à ces substances d’ici à 2021.
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