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Pesticides: la distance de protection des habitations fait bondir les écologistes

par AFP
08.09.19

Le gouvernement va proposer de fixer à 5 ou 10 mètres, selon les cultures, la distance minimale entre les habitations et les zones d’épandage de pesticides, un arbitrage dénoncé comme minimaliste par les écologistes et les associations.

« Le gouvernement va soumettre à consultation lundi un projet de décret qui part des recommandations scientifiques de l’Agence nationale de sécurité sanitaire » (Anses), a indiqué samedi à l’AFP un porte-parole du ministère de l’Agriculture. Les distances proposées dans ce projet seront de 5 mètres pour les cultures dites basses comme les légumes et de 10 mètres pour les cultures hautes, telles que les céréales. L’Anses a recommandé en juin de mettre en place des distances de sécurité « au moins égales » à 3, 5 et 10 mètres entre les cultures et les bâtiments habités, selon le type de culture et le matériel utilisé pour la pulvérisation. Des distances « supérieures » devraient être respectées « par mesure de précaution, en particulier pour les produits classés cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction« . « C’est la première fois qu’on va mettre en place des distances minimales et on est un des seuls pays à le faire« , a déclaré à l’AFP la ministre de la Transition Écologique Elisabeth Borne, précisant que « des chartes seront discutées localement pour adapter ces distances« .

Une distance « anecdotique »

Pour David Cormand, secrétaire national d’Europe Écologie Les Verts, il s’agit d’une décision au « caractère historique« : « c’est la première fois que l’État admet qu’il y a un danger grave pour les gens » après l’épandage. Mais « le problème, c’est le côté anecdotique de la décision qu’ils en tirent« , a-t-il déclaré à BFMTV. « Cinq ou dix mètres de distances ne représentent absolument pas une distance susceptible de réduire de manière significative l’exposition des riverains aux pesticides« , a abondé François Veillerette, directeur de l’ONG Générations Futures, cité dans un communiqué. « Je n’y crois pas, je pense que c’est un poisson d’avril« , a déploré auprès de BFMTV le photographe Yann Arthus-Bertrand, fondateur et président de la fondation Good Planet. « C’est insultant pour les gens qui se battent depuis si longtemps contre les pesticides« .

En revanche, la mise en place de zones de non-traitement est une mauvaise nouvelle pour le syndicat agricole FNSEA. « Ce sont des retraits importants de terres agricoles, ce qui représente un manque à gagner très important, surtout dans les zones peri-urbaines« , a commenté auprès de l’AFP Christian Durlin, administrateur de la FNSEA. « Nous pensons qu’il faut surtout se baser sur d’autres alternatives« , a-t-il ajouté, précisant que le syndicat souhaitait voir le développement de chartes locales. Dans son avis, l’Anses recommande également de généraliser les dispositifs limitant la dérive des pesticides, comme des buses par exemple, et insiste sur l’importance des programmes de formation pour les agriculteurs.

Entrée en vigueur en 2020

Le maire de Langouët (Ille-et-Vilaine) Daniel Cueff, qui a pris en mai un arrêté très médiatisé interdisant l’utilisation de produits phytopharmaceutiques « à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d’habitation ou professionnel », a également fait part de sa surprise devant la décision du gouvernement. « Quand j’ai appris ça, je pensais que c’était une fake news et que ce n’était pas sérieux! Cette proposition n’est pas croyable« , a-t-il réagi samedi auprès de l’AFP. Son arrêté a été depuis suspendu. En marge d’un déplacement à Bordeaux, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a justifié ce choix de distance minimale: il s’agit « qu’on puisse avancer dans notre idéal écologique et qu’on soit aussi capable de prendre en compte la transformation que cela représente pour les agriculteurs, et qu’on soit capable de les accompagner dans cette transformation« . La consultation durera 3 semaines et « le gouvernement tranchera en octobre-novembre pour que le texte entre en application au 1er janvier 2020« , a détaillé le porte-parole du ministère de l’Agriculture.
Par Vanessa Carronnier pour AFP

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