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Abattoirs: les éleveurs condamnent les mauvaises pratiques et demandent un droit de regard
Après les vidéos choc de L214 dans les abattoirs, les syndicats agricoles ont demandé jeudi un droit de regard pour les éleveurs afin de rétablir la confiance, tout en critiquant les associations anti-viande dont le but serait la fin de l’élevage. Face à des « images insoutenables », la numéro deux du principal syndicat agricole français FNSEA, Christiane Lambert, a rappelé devant une commission d’enquête parlementaire que les éleveurs sont « attachés au bon traitement des animaux: nous les élevons avec soin, avec professionnalisme« .
Et alors que l’élevage vit une crise importante « ce sujet-là créé un stress supplémentaire pour les éleveurs quand il est abordé de façon critique et stigmatisante« , a assuré Mme Lambert. La commission d’enquête parlementaire sur la souffrance animale dans les abattoirs a été créée après la diffusion des premières vidéos choc par L214 en novembre 2014. Certaines associations, « et c’est le cas de L214, expriment clairement que la finalité est la non-consommation de viande et la libération des animaux », a ajouté la responsable de la FNSEA devant la commission.
Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne a « condamné » lui aussi « fermement » cette volonté de L214 « de s’enfermer dans une idéologie complètement déconnectée de ce que peut être la réalité des éleveurs« . « On ne peut pas nier qu’il y a des problèmes dans certains abattoirs, on ne peut pas nier non plus qu’il y a une mise en scène et une montée en épingle de ces problèmes-là« , a-t-il lancé. « Mais ils pointent quand même des choses sur lesquelles il faut se pencher« , a-t-il ajouté.
Comme beaucoup des spécialistes auditionnés par les députés depuis plusieurs semaines, les responsables de syndicats agricoles ont souligné un besoin de formation du personnel dans les abattoirs, de travail sur les cadences devenues « infernales » dans certains gros outils industriels, ainsi que la nécessité d’investir dans un matériel adapté et fonctionnel pour les plus petits abattoirs.
La vidéosurveillance divise
Ils sont en revanche plus divisés sur l’utilisation de la vidéosurveillance. Si la FNSEA et la Confédération paysanne plaident plutôt pour qu’elle soit limitée à un support pédagogique, la Coordination rurale, classée à droite, y est fermement opposée. Pour le Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux), en revanche, s’il y a une autorisation de la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés), et qu’elle n’est pas utilisée pour « fliquer » le personnel mais « contrôler les opérateurs », la vidéo pourrait permettre une « autosurveillance » qui ferait avancer les choses, estime le président du Modef Creuse, Jacky Tixier.
A condition toutefois que le visionnage de ces images « soit limité à une commission d’éthique compétente », ajoute-t-il. Car toutes tendances confondues, et qu’ils l’appellent commission éthique ou comité local, les professionnels agricoles demandent à avoir un droit de regard dans la vie de l’abattoir grâce à une commission mixte installée localement associant tous les acteurs de la filière. « On est très attachés à la présence d’éleveurs dans les commissions locales d’information. C’est une demande de la confédération paysanne de pouvoir participer, co-construire des synergies, du dialogue, entre les acteurs à l’intérieur de l’abattoir« , a déclaré Laurent Pinatel. « C’est fondamental de pouvoir échanger notamment sur les parcs de contention où l’expertise possible et probable des éleveurs peut être croisée avec le regard de ceux qui sont dans l’abattoir« , a-t-il souligné.
« J’ai proposé qu’on puisse avoir (au sein de ces commissions, NDLR) davantage de dialogue entre les éleveurs, les salariés et les responsables d’abattoirs, pour la partie conception ou réorganisation« , a aussi indiqué Christiane Lambert. « La question nouvelle, c’est faut-il ou pas associer des associations de protection des animaux et des associations de consommateurs ? Parce que ce ne sont pas les mêmes aspirations. Par contre les deux catégories gagneraient à connaître et savoir ce qui s’y passe. C’est un élément qui peut rétablir la confiance dont on a tant besoin, et lever la suspicion« , a-t-elle assuré.
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