On croyait notre Dossier Québec clôt, mais c’était sans compter un subreptice road trip de notre collaboratrice Emeline Bartoli à quelques 300 kilomètres à l’est de Montréal, direction l’État américain du Maine, et qui l’amène Chez Loulou… forcément Chez Loulou.
Départ pour le grand voyage celui qui s’insère dans le premier, emplit de promesses. Pour l’accompagner : le van et toute sa symbolique. Ode à la liberté….(parait-il ?). Démarrage matinal du lac Bowker après un feu de bois arrosé de vin, la journée sera longue. Les kilomètres défilent en route pour le Maine, des pins à perte de vue. Tout roule et soudain. Le voyant de la batterie qui s’allume et un bruit régulier qui signale une alerte. D’abord optimistes, nous avons vite senti que le vent avait tourné. Le temps maussade s’ajoute au bruit devenu intempestif qui contraindrait à la prudence le pire téméraire. Arrêt obligatoire.
À la station-service de Woburn, 4 âmes et quelques miles de la frontière américaine, nous rencontrons Dany. Comme un dimanche au Canada. “Le garage est fermé, mais va voir, on sait jamais, dis à Francis que tu viens de ma part”. Dimanche jour de chance ou de providence. Francis est là, mais aussi, Roger. Le garage est fermé, mais qu’importe, ici, on a le cœur sur la main. Dans les yeux de Roger, on lit tout le sirop d’érable du Canada. La tête dans le capot le diagnostic sans alternative tombe rapidement : “c’est l’alternateur”. Avec leur accent canadien à couper au couteau, ils nous promettent une réparation pour le lendemain et nous prêtent un véhicule de “courtoisie”. De quoi explorer la région.
Le lac Megantic. Tristement célèbre pour un accident ferroviaire qui a détruit la ville et condamné des orphelins, le lieu porte encore ce fardeau. Le lac et le parc, si silencieux à l’apparence paisible, rappellent les moments de calme qui précèdent les catastrophes. Ici, chacun semble comme encore porter les stigmates indélébiles de ce terrible coup du sort. En cette saison, rien ou presque n’est encore ouvert.
Alors les locaux se retrouvent chez Loulou. Le restaurant – fast food – diner façon place de village. On y vient comme on est avec son histoire et ses soucis pour noyer son désespoir ou partager son bonheur dans les spécialités de la maison. Frites grasses, creton (une charcuterie québécoise à base de porc haché), fèves au lard, de quoi se rhabiller pour affronter l’hiver. Les habitués ont leur place. Ils viennent y tailler le bout de gras en refaisant le monde. À les observer, on se dit que le bonheur est rituel. Sur la carte, le pudding chômeur rappelle que les hivers doivent être longs. Chez Loulou c’est leur providence à eux. Ce fut aussi la nôtre. On repart avec un alternateur garantie à vie. Du matériel garantie à vie, des souvenirs indélébiles. Le voyage.
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