Avec « Marseille, un jour sans faim », le journaliste Ézéchiel Zérah signe un livre pantagruélique sur le paysage culinaire marseillais. De quoi, piter* joyeusement durant toute l’année !
Après les pages gastronomies de L’Express, c’est aujourd’hui dans Z par Zenchef et la très atypique lettre d’info Pomelo qu’on a le plaisir de lire Ezéchiel Zérah, Marseillais de coeur et de sang, même s’il a un peu trainé dans la foodosphère Parisienne. Cet ouvrage, il y pensait depuis longtemps car finalement, en dehors « de livres sortis dans les années 80, très austères et très bruts, et le récent livre de Vérane Frédiani, « Marseille cuisine le monde », peu de livres étaient consacrés à la cuisine très riche de cette ville. » explique t’il.
Mais quelle forme lui donner et par où commencer? Malgré les très nombreuses tables chroniquées un peu partout en France à son compteur, Ézéchiel est surtout fier d’avoir écumé les 52 camions pizza de la ville ! Manger à Marseille, c’est pour lui la bouillabaisse de mémé, la soupe au pistou du coin, l’histoire des soeurs de la Belle de Mai et mille anecdotes permettant de dresser le portrait gustatif de ce Marseille qu’il aime. « On parle souvent des mêmes personnes quand on parle de la scène culinaire à Marseille. Mais la cuisine à Marseille, c’est une histoire qui ne date pas d’hier ! On ne parle pas de la bouffe des dockers, les faïenceries existent depuis des années. J’avais envie de faire un travail de contexte et de raconter ces histoires. » poursuit-il.
« Marseille, un jour sans faim », c’est donc plus de cinquante recettes iconiques, quatre-cents adresses, des lieux culinaires emblématiques et des portraits de ceux qui ont fait, font, et nous feront le goût de Marseille. En tout, vingt-cinq plumes et deux années de travail pour réaliser cette nouvelle bible culinaire. Et il nous embarque dans une belle balade. On se perd avec lui dans les rues en sentant toute la vibration. On plonge dans la diversité de cette ville qui ne laisse jamais indifférent. On l’aime, on la déteste, elle nous fatigue, on y retourne. Avec toujours, la Bonne Mère sur fond de ciel bleu, cette lumière, cette gouaille, ce parler Marseillais.
Ézéchiel Zérah
Il y a évidement le café la Restanque dans lequel il passe presque tout son temps (il ne s’en cache pas), les adresses qui sont là depuis toujours comme la Maison Journo, l’historique poterie Ravel, le fameux cocoman des plages, l’incontournable marché de Noailles, les pêcheurs du Vieux-Port, les bouis-bouis des calanques, les étoilés et les camions pizza, le petit, le gros, le bon et le parfois moins bon, mais qu’il faut raconter aussi … Et il y a même la copine Charline, jardinière cueilleuse de Rockette amoureuse de la cueillette sauvage.
Il nous en met plein les papilles pour 25 heures. Et oui, car à Marseille y’a 25 heures alors qu’à Paris, y’en a que 24, c’est bien connu. Un bonus, pour les gourmands qui n’en n’ont jamais assez ou une exagération Marseillaise? « Marseille, c’est un joyeux bordel. C’est vrai, ça part dans tous les sens. » dit Ezéchiel. « Mais, ce livre c’est aussi un guide. Il fallait donc quand même mettre une structure pour que les lecteurs s’y retrouvent. On l’a donc découpé en une journée, durant laquelle, on peut toujours trouver quelque chose à faire. » Alors on mange quoi dans cette journée sans faim?
4 h : Nourrir la ville avant l’aube ·5 h : Entre terre et mer au petit matin ·6 h : Le réveil ·7 h : Se poser au café ·8 h : Il est frais mon poisson, il est frais ! » ·9 h : Déambuler dans la ville la bouche ouverte ·10 h : Quand le petit creux matinal se fait sentir ·11 h : L’appétit se met en route ·12 h : Une cuisine pas comme les autres ·13 h : Le déjeuner, c’est du sérieux ·14 h : Le repas continue ! ·15 h : On se cultive à l’heure de la sieste ·16 h : Le grand goûter ·17 h : Le goûter se prolonge ! ·18 h : Préparer l’apéro ·19 h : En plein coeur de l’apéro ! ·20 h : De l’importance du dîner ·21 h : Pizza time ! ·22 h : Deux salles, deux ambiances ·23 h : Le shaker s’agite ·00 h : Lecture(s) avant de fermer les yeux ·1 h : Faim de nuit ·2 h : Petites combines avec fourchette ·3 h : Rêves en sauce ·25 h : Toutes les bonnes choses ont une faim (ou pas)
« Marseille, un jour sans faim« est un livre riche et joyeux, généreux et coloré à grand renfort d’illustrateurs talentueux. C’est le Marseille populaire, le Marseille hype et le Marseille chatoyant, et il fallait bien 375 pages pour en faire le tour. Un pavé bien pesant à la hauteur de l’exagération qu’on aime à Marseille. N’imaginez donc pas mettre ce guide dans votre poche. Non, ça serait bien trop discret et peu Marseillais.
* Piter : à Marseille veut dire grignoter, prélever de-ci, de-là.
Marseille Un jour sans faim ! 25 heures d’explorations culinaires pour croquer toute la ville, Zerah Ezéchiel, Hachette Pratique, 384 pages, novembre 2023.
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