Analyse Économie
Le patron de Lactalis présente ses excuses dans une lettre ouverte
Deux mois après le début de la crise du lait infantile contaminé aux salmonelles, le PDG du groupe Lactalis, Emmanuel Besnier, a présenté des excuses publiques auprès des consommateurs et des familles de victimes. Le PDG du groupe, très critiqué pour avoir attendu plusieurs semaines avant de s’exprimer sur la crise, a publié une lettre ouverte sur le site internet de l’entreprise, où il fait le point également sur la situation de l’usine de Craon (Mayenne) dont sont issus les produits contaminés.
« Auprès des familles concernées et de nos consommateurs, tout d’abord: je vous présente mes plus sincères excuses », déclare le PDG du géant laitier, réitérant ses explications sur les causes de la crise et ses décisions pour y remédier. « Toute l’entreprise, moi le premier, sommes mobilisés vers un objectif commun: réparer et améliorer ce qui doit nécessairement l’être et restaurer la confiance entre vous et nous. Cette confiance, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour la rétablir: le chemin sera long mais nous y parviendrons, j’en suis persuadé », ajoute M. Besnier. Ces excuses ont toutefois été immédiatement rejetées par Quentin Guillemain, président de l’association des familles victimes du lait contaminé aux salmonelles (AFVLCS). « Des excuses sans reconnaissance de responsabilité ne valent rien », a déclaré M. Guillemain dans un communiqué.
L’AFVLCS demande à être reçue par Lactalis « depuis plusieurs semaines » mais « l’association attend toujours une réponse à l’heure qu’il est », a déploré M. Guillemain. M. Besnier, réputé pour sa discrétion, était sorti du silence le 14 janvier dans une interview au Journal du dimanche. La crise venait alors de prendre une nouvelle ampleur avec la découverte que certaines boites de produits potentiellement contaminés avaient continué d’être commercialisées après leur rappel en décembre. Il a repris la parole jeudi, dans une interview aux Echos: il a annoncé l’arrêt définitif de la tour de séchage numéro 1 de l’usine de Craon, dont les produits contaminés sont issus.
Hommage aux salariés
Dans sa lettre ouverte, le patron de Lactalis s’exprime aussi sur le sort des salariés de cette usine, arrêtée depuis le 8 décembre. M. Besnier redit qu’il fera « tout ce qui est nécessaire pour que les salariés concernés puissent bénéficier d’une proposition de mobilité dans l’un des sept sites industriels et logistiques du groupe situés dans un rayon de 50 km ». Saluant la discrétion de ses équipes, Emmanuel Besnier loue l’engagement de l’ensemble des collaborateurs du groupe, des salariés du site de Craon, principal employeur de la ville, « pendant une période de plusieurs semaines de traitement médiatique, qui a profondément impacté la plupart de nos collaborateurs ». Après avoir annoncé le 21 décembre le retrait de toutes les boites sorties de l’usine de Craon depuis février 2017, Lactalis a fini par annoncer à la mi-janvier le retrait total de tous les laits infantiles sortis de l’usine de Craon – pas moins de 12 millions de boîtes – sans limitation de date.
Une première épidémie en 2005 liée à cette usine avait touché 146 nourrissons, tandis que celle de 2017 en a affecté 37 en France, ainsi qu’un autre en Espagne et un autre probablement en Grèce. Le bilan dépasse donc 200 enfants malades à cause d’une souche unique. La crise va coûter plusieurs centaines de millions d’euros au groupe, selon l’estimation de M. Besnier. Le patron de Lactalis a déjà indiqué qu’il comptait relancer les marques concernées, Milumel et Picot. Le parquet de Paris mène une enquête préliminaire depuis fin décembre pour « blessures involontaires » et « mise en danger de la vie d’autrui », des délits relevant du tribunal correctionnel. Des perquisitions ont été menées mi-janvier sur cinq sites du groupe, dont le siège social de Laval et l’usine de Craon.
Par Laurent BARTHELEMY pour AFP
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