Hier avait lieu la journée Fermes d’Avenir au Château de la Bourdaisière à Montlouis-sur-Loire. Un projet développé par Maxime de Rostolan à partir des expériences qui sont menées à la ferme de la Bourdaisière autour des notions de permaculture et d’agroécologie.
Pour les non-oenophiles qui ne sauraient pas très bien où se situe ladite ville, ce qui était notre cas, il faut bien l’avouer, il vous suffit de suivre la rive gauche de la Loire et de vous arrêter 12 kilomètres avant Tours. Donc, pour y arriver à 9h30, début de cette journée fermière, l’objectif était d’attraper un train à Paris, tôt le matin cela va de soi, pour atteindre la gare la plus proche, portant le sympathique nom de St-Pierre-des-Corps.
La chose semble anodine, mais ne l’est pas, tant une certaine fatigue due à ces horaires matinaux, a pu donner à cette journée, sur grand fond de ciel bleu, une sensation de rêve éveillé pour l’ensemble de la communauté y ayant participé.

Une communauté très diverse, allant des grands groupes de l’alimentaire, en passant par les fondations, banques, jeunes entreprises de produits bio et locaux, fermes et même politique puisqu’un représentant de la Présidence de la République était attendu. Bref, des individus très hétéroclites, à l’image des partenaires de Fermes d’Avenir qui vont de Terre & Humanisme, le projet de Pierre Rahbi à Métro et Fleury Michon.
La chose était donc claire, tout le monde était bienvenu, chacun devant faire appel à son sens du collectif pour mutualiser un taxi, ou sa voiture, puis ses neurones pour une journée qui était aussi une promenade de santé intellectuelle.

Et cet appel à l’intelligence collective n’a pas cessé durant toute cette journée enthousiasmante, certainement du fait du sujet abordé, la promotion de l’agriculture de demain au travers les fermes d’avenir, mais surtout dans l’art et la manière de présenter et de mettre en situation le sujet. Car si parfois les messages sont beaux, la réalité des comportements humains est toute autre.
Ainsi, dans l’un des ateliers il s’agissait pour les participants de rencontrer et d’échanger avec son voisin, et plus largement de se rencontrer soi-même au travers des valeurs portées par la permaculture. Ce qui méritait une petite explication donnée par Claire Véret dans son introduction : « être ici et maintenant, et ne pas remettre à demain ce qui peut être fait aujourd’hui. ».


La permaculture, un principe donc tout autant philosophique que technique pour une agriculture qui réconcilie « emploi et respect du vivant, rend les exploitations agricoles plus productives et vertueuses pour la Nature et l’Humain » soulignait Tristan Lecomte, président de Fermes d’avenir.
Une notion que l’on aura pu toucher du doigt un peu plus tard dans la journée au travers d’un atelier d’observation des arbres, collectif millénaire qui se réalimente lui-même grâce à un écosystème riche dans lequel chacun des éléments (champignons, sol, repousses, etc …) tient sa place.


Mais il a été évidemment aussi questions de chiffres et de mise en perspective des Fermes d’avenir. « Nous avons 20 ans pour changer le monde. Si nous ne parvenons pas à infléchir notre modèle d’ici là, j’ai l’habitude de dire qu’il ne nous restera plus qu’à s’allonger sur un transat à la plage pour regarder monter, lentement mais surement, le niveau de la mer » précise Maxime de Rostolan, le très dynamique concepteur du projet bientôt plus expérimental de la ferme de la Bourdaisière, mais aussi du concept des fermes d’avenir, des concours qui vont avec, ainsi que de la plateforme de crowfunding BlueBees, et de bien d’autres choses à venir dans les mois et dont nous ne manquerons pas de vous tenir informés.


Le garçon est ambitieux, pas dans le mauvais sens du terme entendons-nous bien, ambitieux pour notre espèce, et déroule intelligemment les actions et les méthodes pour arriver à ses fins. « Fermes d’avenir est une association qui s’auto-proclame d’intérêt général. Nous disons souvent que l’objectif est de créer 200.000 emplois dans l’agriculture. (…) Dans cinq ans, nous imaginons un réseau d’un millier de fermes, bénéficiant de conditions favorables en terme d’acquisition du foncier, de financement des investissements, de conditions d’embauche, d’accueil de volontaires, de transformation des produits, mais aussi de commercialisation » explique t’il. Des emplois où l’agriculteur sera un agriculteur heureux.
Pour cela, il expérimente son modèle, étudie sa ferme et d’autres fermes maraichères bio diversifiées et peu mécanisées pour établir des bilans quantitatifs et qualitatifs. Son chiffre d’affaire : 20.000€ en 2015, le temps de travail dédié : 39h semaine pour avoir une vie de famille, les contraintes climatiques et aux design : « inspirés de la permaculture » insiste-t-il ; puis il partage ses outils, cherche à modéliser et former. Patiemment, il tisse son réseau pour que l’agroécologie et la permaculture s’implantent dans les pratiques et les consciences.

Mais ne nous y trompons pas, le chemin n’est pas tout rose. Sur le programme, un intervenant surprise était annoncé : Nicolas Hulot qui est apparu tout autant confiant qu’inquiet pour l’avenir. « Si l’on veut gagner la bataille climatique, il faut que l’agroécologie devienne la norme et non pas l’exception » a t’il précisé.
Car en effet, durant cette journée a plané aussi la question de la disposition humaine au changement. « Il faudrait une conscience sans faille des enjeux, un engagement de tous les instants et une remise à plat des priorités de notre société humaine » explique Maxime dans son édito De la permaculture en politique.

Il faut aujourd’hui inventer l’agriculture de demain, celle qui nourrira nos enfants et préservera nos terres. Une journée à la Bourdaisière, sur fond de château et de ciel bleu, c’est faire durant un jour, l’expérience d’une bonne dose d’énergie positive. Retroussons nos manches, et pensons collectif pour que cela dure un peu plus longtemps …

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