Surpêche, surconsommation, changements climatiques, la mer va mal. Et du coup, nos assiettes aussi. De la Méditerranée à la Manche, la journaliste Camille Labro a rencontré ces pêcheurs artisans qui savent mieux que quiconque comment préserver ce fragile écosystème. Des portraits qui redonnent le moral!
De son tour de France à bord des bateaux, Camille Labro garde quatre territoires marins : la Méditerranée, l’Atlantique Sud, l’Atlantique Nord et la Manche, qui rythment l’ouvrage. A chacun de ces paysages, un climat, des recettes, des techniques et des vocabulaires différents, portés par des individus qui « sont les gardiens d’un savoir ancestral et d’un savoir-faire précieux, au plus près du produit et des techniques traditionnelles, dans le respect de la nature et de ses ressources » et nous permettent de redécouvrir nos littoraux et les poissons qui s’y cachent. A chaque étape, Camille Labro nous raconte des histoires que l’on peut aussi déguster en famille.
Mélange des genres
Car avant tout, ce sont des portraits qu’elle fait. Une vingtaine environ, toujours de belles personnes, qui incarnent des techniques, donnent une âme à leurs métiers et s’engagent avec passion. Fileyeurs, ligneurs, caseyeurs, pêcheurs ou cuisiniers, tous ceux qu’elle a rencontrés lui ont raconté ou plutôt confié leur quotidien mais aussi « leurs colères, leurs doutes, leurs ambitions, leurs combats« .
Connues ou moins connues, qu’importe, chacun amène sa pierre à l’édifice. Ainsi, le chef Olivier Roellinger côtoie Xabi Martiarena, le retraité philosophe, ou encore Jérôme Bargas et Manon Ranc, qu’elle définit joliment d’entrepreneurs optimistes. Il y a aussi Anne-Marie Vergez, la militante de la petite pêche ou Christian Rafin, le marin gourmand. Entre deux portraits, entre deux mers, elle ouvre aussi quelques parenthèses sur la superstition des marins, sur les poissons négligés ou sur les prud’homies de Méditerranée.
Belles initiatives
A Ensuès la Redonne, elle a rencontré Boris Obolensky, un pêcheur érudit qui est passé de la géographie urbaine à la mer. Après sa journée de pêche, il distribue directement à ses clients à travers une Amap qu’il a créé. « Je m’adresse directement à des gens qui sont soucieux de la qualité de ce qu’ils mangent, mais sont aussi prêts à découvrir des poissons qu’ils ne connaissent pas » dit-il. C’est le seul pêcheur à Marseille à vendre ainsi. Avec le chef Pierre Giannetti, Christian Qui et Elisabeth Tempier, Boris a monté Slow Fish Med, la branche Méditerranéenne de Slow Fish, pour la défense et la valorisation de la pêche côtière artisanale. Un exemple parmi tant d’autres car le livre de Camille Labro est rempli de ces belles initiatives.
Recettes de retour de pêche
Dans « La cuisine des marins« , il y a aussi des recettes. Parce qu’évidement, de la pêche à l’assiette, il n’y a qu’un pas. Celles des chefs comme celles des pêcheurs, des recettes simples ou d’autres plus complexes mais avec toujours le poisson à coeur. Mais attention, ce livre n’est pas un livre de recettes. C’est plutôt « un hommage à l’univers de la petite pêche, solidaire et responsable (…) un monde menacé qu’il faut célébrer et préserver. » Et même si on n’est pas toujours fan, d’une maquette un tantinet classique et un peu trop droite à notre goût, « La cuisine des marins » est un magnifique livre qui raconte simplement des personnalités touchantes qui ont dans leurs mains, un grand nombre de solutions, et peut-être la clé pour préserver nos mers et nos océans.
La Cuisine des Marins,
photographies de Juliette Ranck,
Editions Gründ,
octobre 2014,
Prix : 24,95€
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