Culture food Exposition
« Microbiote » : à la découverte de notre jardin intérieur
Connaissez-vous le monde fabuleux des bactéries qui s’épanouissent dans notre tube digestif ? Après le livre à succès Le charme discret de l’intestin, voici l’exposition Microbiote, qui a ouvert ce mardi à la Cité des sciences à Paris.
L’exposition s’inspire du livre instructif, drôle et pratique des soeurs Giulia et Jill Enders paru en Allemagne en 2014 et traduit en 40 langues. L’ouvrage, écrit par Giulia, alors étudiante en médecine, et illustré par sa soeur Jill, s’est vendu à 5,5 millions d’exemplaires, dont 2,3 millions en Allemagne et 1,2 million en France. Un duo percutant. « Nous sommes des soeurs ping pong car nous nous renvoyons sans cesse la balle», explique à l’AFP la gracieuse et espiègle Giulia Enders, 28 ans. Si Jill, 33 ans, n’est pas à ses côtés c’est parce que, « très enceinte », elle ne doit pas voyager. C’est la première fois que leur best-seller s’incarne dans une exposition.
« Nous avons reçu beaucoup d’offres de télévisions ou de marques commerciales mais nous les avons refusées car elles ne nous correspondaient pas», indique Giulia Enders. L’esprit de la Cité des sciences, tournée vers les jeunes, les a convaincues cette fois-ci. Une chance pour le visiteur, petit ou grand, qui ne devrait pas s’ennuyer en explorant le système digestif humain, « de la bouche à l’anus ». Il va découvrir des films sur la déglutition et la digestion vues au rayon X. Il pourra « fouiller les entrailles » d’un corps scanné en 3D, via un écran tactile. Mais aussi s’émerveiller de la « beauté » de l’intestin grêle, long de 3 à 6 mètres, avec sa « brillance veloutée », ses plis et ses innombrables villosités chargées de travailler à la désintégration des aliments. « Il est si délicat, si propre», s’enthousiasme Giulia Enders, désormais gastro-entérologue en hôpital à Hambourg.
Sur le même sujet
-
La science se cherche Nantes Food Forum
Michel Neunlist le chercheur qui explore notre deuxième cerveau : l’intestin
Un très bon ami
La seule partie de notre système digestif concernée par les excréments est le tout dernier mètre du gros intestin, souligne la jeune femme. Là, les bactéries s’en donnent à coeur joie pour nous aider à finir de digérer. Au total, « l’intestin est comme un très bon ami, qui fait tant pour nous», considère Giulia Enders, mettant en avant son rôle clef pour notre système immunitaire. Au sein de l’exposition, le « cacabinet » devrait rencontrer un franc succès. Il s’agit de se pencher sur la meilleure posture aux toilettes. A défaut de pouvoir s’accroupir, poser les pieds sur un petit tabouret bas peut s’avérer judicieux. On apprend aussi, représentation à l’appui, qu’il y a « une échelle de Bristol » classant les excréments de 1 à 7 selon leur forme et leur texture. « L’information sur les selles ne doit pas être taboue car elle permet de repérer d’éventuelles maladies», relève la praticienne. Changement d’échelle : le visiteur se lance à la rencontre du « petit peuple étranger » formé par les bactéries intestinales qui nous habitent. Chacun de nous en abrite environ 100.000 milliards, ce qui représente un poids de 1 à 2 kilogrammes !
Jill Enders a dessiné avec facétie les plus célèbres, qui déclinent leur identité, leurs bienfaits et leurs éventuels méfaits, lorsque le visiteur touche un grand mur interactif. Sur Terre, seul 1% des micro-organismes est pathogène et infectieux. Depuis quelques années, le microbiote intestinal (bactéries, virus, champignons), ou flore intestinale, suscite un véritable engouement scientifique, car il joue un rôle à la fois dans les fonctions digestive, métabolique, immunitaire et neurologique. Il constitue une piste sérieuse pour comprendre l’origine de nombreuses maladies et envisager des traitements.
C’est « comme un jardin » que nous devons cultiver, résume Giulia Enders. Comment faire ? L’exposition donne quelques conseils pratiques: manger certains aliments riches en fibres favorise la flore intestinale. A l’inverse, l’excès d’hygiène est susceptible de l’affaiblir et nous avec, souligne Dorothée Vatinel, commissaire de l’exposition. Les enfants apprendront avec plaisir qu’il n’est pas recommandé de se laver les mains (au savon) trop souvent… Présentée jusqu’en août, Microbiote s’exportera ensuite au Portugal et en Finlande.
Par Pascale MOLLARD-CHENEBENOIT avec AFP.