A coup de vidéos choc, L214 a réussi en quelques mois à imposer dans le débat public le sujet des conditions d’élevage et d’abattage des animaux. Derrière la caméra, des employés révulsés ou des membres infiltrés de l’association qui rêvent d’un monde sans viande.
Derrière ce nom énigmatique — une référence à l’article L214 du code rural qui reconnut pour la première fois en 1976 que les animaux étaient doués de sensibilité — se trouve un couple: Brigitte Gothière et Sébastien Arsac. « On a commencé en 2003 avec le caméscope familial. J’avais dit que j’étais étudiant vétérinaire pour entrer dans un élevage », se souvient Sébastien Arsac. Sébastien Arsac et Brigitte Gothière sont des « vegans »: pour eux, pas de viande, pas de lait, pas d’oeufs. Car pour ces deux militants, toute production animale est synonyme de souffrance pour les animaux. Il y a une « maltraitance structurelle », soulignent-ils.
Ils s’inscrivent dans un courant de pensée qui estime que l’homme n’est pas une espèce supérieure à une autre. Avec quelques autres, ils ont commencé par créer « Stop gavage » pour lutter contre le gavage des canards destinés au foie gras, avant d’élargir à d’autres productions animales en 2008 avec L214. Brigitte était professeure dans l’enseignement professionnel, Sébastien professeur des écoles. Aujourd’hui, ils se consacrent à 100% à l’association qui monte d’années en années et emploie désormais une douzaine de salariés pour 10.000 adhérents.
Plus d’un million de vues
Leur action est largement portée par la force des réseaux sociaux: la vidéo de l’abattoir bio du Vigan (Gard), fermé à titre conservatoire le 23 février, a été vue plus d’un million de fois. En six mois, leur action a connu un écho particulièrement important. Ils ont réussi à faire fermer deux abattoirs du Gard à titre conservatoire (Vigan et Alès), fait condamner un couvoir breton. Et mardi, après une nouvelle vidéo choc tournée dans les Pyrénées atlantiques, ils ont obtenu que le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, ordonne des inspections dans tous les abattoirs d’ici un mois.
Ils assument leur méthode (la caméra cachée). Sébastien Arsac lui-même s’est fait embaucher, notamment chez Charal, pour dénoncer les conditions d’abattage. « Il y a des intérimaires, des anciens employés, des ex-inspecteurs vétérinaires qui viennent nous voir », raconte Brigitte Gothière. Avec le temps, l’association a désormais « des sympathisants qui commencent à se faire embaucher dans des abattoirs pour dénoncer ». Une pratique qui est, selon ses fondateurs, très courante aux États-Unis.
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