Chronique La Cerise sur le gâteau

Être flexitarien : pour un véganisme éclairé

11.11.18

Aujourd’hui, je voudrais vous parler de la journée mondiale végan qui a lieu chaque année le 1er novembre et qui est intégrée dans le mois végan. Oui je sais, ça a dû échapper à nombre de nos auditeurs puisque la France, dans les sondages les plus optimistes, affiche seulement 0,5% de nos concitoyens qui proscrivent tout produit animal dans leur alimentation.

Et pourtant, il ne vous aura pas échappé que la résonnance médiatique du mot clef végan venu d’Angleterre et des États-Unis et qui n’existait à peine dans notre vocabulaire il y a trois ans, est inversement proportionnelle à cette statistique.

Loin de moi l’idée de développer un débat binaire autour de pour ou contre le véganisme, ni a fortiori de me prononcer sur le bonheur d’une planète quasi entièrement vegan en 2050. Non, disons que faire preuve d’un certain pragmatisme, celui des flexitariens par exemple qui prônent une baisse significative de consommation des protéines animales et qui représentent désormais un tiers des ménages français, pourrait nous amener collectivement à considérablement apaiser le débat et à agir dans une temporalité réaliste.

Et le premier maillon de la chaîne, celui qui contient d’évidence les éléments les plus philosophiques, symboliques et sociétaux liés au rapport entre l’homme et l’animal est celui de l’abattage des animaux. Il n’y a donc pas de hasard, le 1er novembre est bien aussi le jour des morts et la dernière vidéo du collectif lanceur d’alerte L214 tournée dans un abattoir de l’Indre a opportunément été publiée le 2 novembre. Alors vous me direz, une vidéo de plus ou de moins ne va pas changer grand chose. Et bien en l’espèce, si. Car non seulement l’abattoir en question est à taille humaine, en plus il est certifié bio, et pour couronner le tout, il a fait comme les autres, objet de récentes inspections. Réaction de François de Rugy, Ministre de la transition écologique et solidaire sur son compte Twitter : « Je condamne fermement les pratiques cruelles, inadmissibles en France en 2018, révélées par des images insoutenables de L214. Les inspections et audits ne suffisent plus. Il faut maintenant contrôler les abattoirs en continu pour mise aux normes et éradication de ces pratiques ! »

Un contrôle renforcé va changer quelque chose, compte tenu du nombre encore massif d’animaux abattus ?

Franchement, je ne pense pas. Et c’est là que les flexitariens ont toute leur importance. Notre rapport à la viande s’est totalement détérioré à partir du moment où les industriels l’ont rendu abstrait. À vouloir produire des masses de tranches de jambon rose bonbon sous cellophane pour nous faire oublier l’animal qui s’est fait arracher la cuisse pour le fournir, ou acheter nos blancs de poulet en se demandant où a bien pu passer le reste du bestiau, le lien avec l’animal s’est totalement distendu et L214 ne fait au fond que remettre sous nos yeux ce rapport forcément violent avec l’industrie de masse.

Bref, plutôt que de décréter des journées vegan, ou des semaines viandards, si nous commencions par soutenir des élevages paysans, ceux de femmes et d’hommes qui aiment leurs animaux et qui pourraient, si on les autorisait, les abattre dans leurs fermes. Le citoyen-consommateur redeviendrait alors conscient et responsable, flexitarien pour sûr et pourquoi pas vegan si bon lui semble.

Les Bonnes Choses du 11/11/2018 – Manger au temps de la Grande Guerre

En ce jour du centenaire de l’armistice de la première Guerre mondiale, notre plat du jour est consacré à l’alimentation au temps de la Grande guerre : que mangeait-on entre 1914 et 1918 et comment s’approvisionnait-on tant sur le front qu’à l’arrière ? Quel rôle a joué l’alimentation des troupes et des civils dans l’issue de la Grande Guerre ? et enfin quel impact sur nos pratiques alimentaires a eu le premier conflit mondial du XXe siècle ?…

Invités

Silvano Serventi : historien, spécialiste des pratiques culinaires : « Il y avait une très grande différence entre Paris et la province. Par exemple, à Reims qui était sur la ligne de front, les gens vivaient dans les caves à champagne. En province, on avait plus de difficultés en montagne à se nourrir qu’en plaine. Le ravitaillement arrivait plus difficilement. Mais c’était plus facile en France qu’en Allemagne globalement. »

Emmanuelle Cronier : historienne, spécialiste de la Grande Guerre. « En première ligne, la ration était de 3000 à 4000 calories dont 500 grammes de viande par soldat et par jour. Les plus isolés parmi eux avaient des rations de survie ou dites de longue conversation telles que les biscuits de guerre qui se conservaient très bien. D’autres produits étaient plus durs à avoir et manquaient beaucoup aux soldats, comme l’œuf, très difficile à se procurer au front. Les œufs en poudre se sont développés à ce moment-là. »

Silvano Serventi : « A l’arrière, durant les temps de repos avaient lieu ces moments de convivialité et de partage autour des paquets envoyés par la famille. Par exemple, le camembert était très présent car il a des avantages notamment de conservation avec sa boîte et donc facilement transportable. Avant la guerre, c’était un produit local Normand et il s’est diffusé dans toute la France après la guerre grâce aux soldats revenus du front. »

Rémy Cazals : « En termes de repas, les soldats avaient donc des rations plutôt équilibrées, mais on sait que la qualité laissait à désirer. D’ailleurs, après la guerre, tous évoquaient le repas du jour de l’armistice partagé avec les soldats américains. »

Chroniques

La Madeleine de… Patrick Bouchain: « Le goût de l’œuf me rappelle combien ma mère faisait preuve de créativité pour réussir à me nourrir. »

Et La Cerise sur le gâteau, la chronique de Pierre Hivernat sur Être flexitarien : pour un véganisme éclairé.

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