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Réduire les sucres ajoutés dans l’alimentation, plus facile à dire qu’à faire

par AFP
06.03.15

Réduire les sucres cachés dans l’alimentation, comme le préconise l’Organisation mondiale de la santé (OMS) risque de s’avérer plus difficile à dire qu’à faire, estiment les spécialistes.

Q : L’objectif fixé par l’OMS de réduire la ration de sucres rapides à 10% de l’apport énergétique quotidien, voire à 5%, peut-il être facilement atteint ?
R : L’objectif de 10%, déjà avancé dans le passé par l’OMS pour lutter contre l’obésité, correspond à 50 grammes de sucre par jour chez un adulte (soit 12 cuillerées à café de sucre). Il paraît difficile à atteindre. Celui de 25 g/j destiné à prévenir les caries dentaires semble lui pour beaucoup hors de portée. Pour combattre le surpoids et l’obésité, il faut non seulement réduire la consommation de sucres simples ou cachés, mais avoir une alimentation variée (fruits, légumes etc.) en évitant l’excès de graisses saturées et une activité physique qui participe d’une bonne hygiène de vie dans des populations de plus en plus sédentaires, notent les spécialistes. Selon Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition à l’Institut Pasteur de Lille le problème ne se limite pas au sucre mais au fait que l' »on mange plus de calories qu’on en dépense« . Pour le professeur Tom Sanders, expert en nutrition au King’s College de Londres, l’objectif de 10% peut être atteint « facilement » en évitant les boissons sucrées. Pour arriver à 5%, il faudrait éliminer également tous les gâteaux et biscuits, ajoute-t-il.

Q : Peut-on parler d’une addiction au sucre ?
R : Les spécialistes interrogés rejettent la notion d’addiction. L’être humain a une appétence pour le sucré, mais on ne peut pas parler d’addiction, car il n’y a pas à proprement parler de syndrome de sevrage à l’arrêt. Pour le Pr Lecerf, le sucre est souvent recherché « parce qu’il procure du plaisir » en particulier « en cas de blues« . « Le gras et le sucré permettent de mieux vendre. Ils procurent une sensation suave et agréable » d’où leur présence dans nombre de produits industriels, souligne le Dr Azam. Il ajoute que l’appétence pour le sucre est dopée par « l’abondance » du marché.

Q : Est-ce que tous les sucres sont identiques ?
R : Non, à côté des sucres simples (ou rapides), l’alimentation comporte des sucres complexes (glucides complexes) que l’on trouve dans le riz, les pâtes, les féculents qui fournissent aussi du carburant à l’organisme. L’OMS ne s’attaque ni aux sucres complexes ni aux sucres naturellement présents dans les fruits et les légumes frais ou dans le lait. Leur consommation raisonnable apporte fibres, vitamines et minéraux et participe à l’équilibre alimentaire, soulignent les experts. En revanche, dans les sucres utilisés industriellement, on trouve beaucoup de sirops de glucose-fructose, pointés du doigt pour leur nocivité, notamment aux Etats-Unis. La part de fructose (qui renforce le goût sucré) varie selon les préparations et les pays. « Il faut se méfier de l’émergence de produits trop riches en fructose, même si nous n’en sommes pas encore, en Europe, au niveau américain » note le Dr Azam. Selon Pr Jean Louis Besson, expert nutritionniste, les premières anomalies métaboliques (comme par exemple une augmentation de graisses sanguines appelées triglycérides) apparaissent au delà de 50g de fructose par jour. Le sucre non dépensé est stocké sous forme de graisse, en particulier au niveau du foie pour la partie fructose.

Q : Que peut-on faire ?
R : Les nutritionnistes conseillent d’habituer les enfants à boire de l’eau à table et d’éviter de leur donner des boissons sucrées (soda, sirops, jus de fruits…). Les boissons sont des « sources massives » de sucres ajoutés, surtout chez les jeunes, relève le Pr Serge Hercberg responsable du programme national français nutrition santé (PNNS). Un litre de soda contient environ 20 morceaux de sucre, tout comme un litre de certains jus de fruits contenant des sucres ajoutés. Même pour les jus de fruits frais la modération est de mise en se limitant à un verre par jour en moyenne en raison de leur teneur en sucre.

Par Brigitte CASTELNAU

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