Culture food A lire (ou pas)

Jean-Luc Chapin, le photographe Wild Side

27.10.14

Depuis une vingtaine d’années, Jean-Luc Chapin travaille conjointement, pour ne pas dire exclusivement, le paysage et le rapport de l’homme à la nature. Ce portfolio est composé d’images extraites des trois ouvrages qu’il a publié avec Eric Audinet, écrivain et directeur des éditions Confluences, et avec lequel il partage cette passion de la nature et du sauvage. Pêcheur (2013), Chasseurs-cueilleurs (2011) et Cèpes (2009) témoignent magnifiquement de leur corps à corps avec la nature et de leur amour pour la vie sauvage.

A l’heure où la consommation de bécasses, alouettes, grives, pinsons, ortolans et autres petits oiseaux est interdite, on lit avec intérêt une liste à la Prévert de « choses à faire » pour s’occuper dans la vie, que nous, citadins, aurions presque oubliées : « chasser le canard à la tonne, chasser la bécasse au chien d’arrêt, attraper les grenouilles avec un petit bout de laine rouge, pêcher les vairons à la bouteille, chercher des escargots après la pluie, attraper les dormeurs sous les branches, chaparder les fruits sur les branches lourdes qui débordent du chemin, piéger les grives à la glue … ». On part donc avec eux pêcher dans les étangs perdus ou dans les lacs des côtes atlantiques ; cueillir des champignons à l’aube au fond des bois et ramasser des fruits sauvages.  On s’enivre des matinées de soleil ou des nuits de tempête et plongeons dans des bois aux sols splendides. Parfois, les images sont cruelles, comme ce sanglier tué dans le Marais Vernier ou même ce lièvre à qui on a ôté sa peau. Mais, il y a là quelque chose d’un l’Eden perdu, d’une nature respectée par l’homme, apprivoisée, connue, généreuse tout autant que cruelle.

Cet amour pour ce qui est fragile, pour des pratiques qui peu à peu disparaissent, est conforté par le travail de Jean-Luc Chaplin réalisé exclusivement en argentique. «  De ces espaces argentiques, je ne parlerai, pour l’instant et courtement, que du rapport si singulier au temps plus ou moins long entre la décision de l’image et l’image (image latente). Dans ce temps incertain le corps et l’épaisseur de l’image se construisent, de possibles photographies s’envisagent (les unes après les autres, les unes sur les autres, les unes contre les autres) et s’enrichissent ou se détruisent dans cette virtualité là. (…) Nombre d’images resteront seulement envisagées; mortes nées, fantômes de fantôme, indicibles traces qui pourront à tout moment ressurgir.» Photographe à l’agence VU depuis 1993, Jean-Luc Chapin se consacre aussi à des expositions personnelles. Après « Un sauvage sentiment » en 2002 au Musée de la chasse et de la nature à Paris sur un texte de Christian Caujolle, il y revient près de 10 ans plus tard, en 2013, avec « La table des chiens ». Une exposition qui fait référence à l’invitation à dîner que le photographe a reçue au cours d’une partie de chasse. Les traqueurs l’ont accueilli parmi eux pourvu qu’il accepte de partager leur repas, servi à part de celui des autres convives. Et pour finir laissons le mot de la fin à Christian Caujolle qui le connaît bien …

 

Peu de photographes, aujourd'hui, sont aussi littéraires que ce Bordelais qui s'obstine à mettre en forme la nature en relisant Montaigne. Et rares sont ceux qui, comme lui, s'attachent à lire dans le paysage - qui est finalement son seul questionnement - les signes imprévus et les marques du temps. Sa relation à la nature ne diffère en rien de sa pratique de la photographie : elle relève de l'évidence de la trace quand la photographie est capable d'immortaliser et de rendre pérenne l'empreinte qu'a laissée le sanglier sur un talus.

Christian Caujolle

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